Bond... James Bond ou l'Éternel Recommencement

Bond... James Bond ou l'Éternel Recommencement

 

Objet de tous les fantasmes (l'homme que tous les hommes voudraient être et toutes les femmes séduire) et d'un véritable culte transmédiatique, James Bond pourrait bien être le dernier mythe littéraire moderne.

Constellation de signes avant d'être une quelconque «essence», il est constitué par une panoplie d'éléments récurrents dont il est toutefois plus que la simple somme, le smoking, le Walther PPK, le vodka-Martini «au shaker, non à la cuillère», la réplique-étendard «Bond, James Bond», les bolides, la poétique des gadgets… Ces signes fonctionnent par ailleurs au milieu d'une combinatoire narrative stricte qui, grâce au cinéma, est devenue une véritable mythologie formelle (le gun barrel, les génériques d'ouverture, la scansion entre pré-générique, générique et film, etc.).

Au-delà de cette profusion sémiotique, Bond est surtout défini par les deux pôles complémentaires qui articulent sa Quête, les Bond Girls et les Méchants. Chevalier de la «révolution sexuelle», ce play-boy meurtrier est tiraillé par une «névrose de séduction» qui ne serait que l'envers d'une quête frustrée de la femme idéale: d'où l'opposition entre des femmes exceptionnelles auxquelles le héros ne peut succomber sans qu'elles trouvent une mort tragique et des véritables femmes-objets dans un univers d'objets tout aussi fétichisés, super-gadgets au paradis des gadgets et comme eux promis à être consumés.

Comme pour ces bivalentes amazones, James Bond doit tout, sur le plan mythologique, à ses ennemis fantasmatiques (auxquels par ailleurs il dérobe les premières).  Suivant le précepte selon lequel on a les adversaires que l'on mérite et on devient ce que l'on combat, leur démesure négative renforce l'aura super-héroïque de Bond, dernier rempart contre ces figures tératologiques qui ne peuvent être que ses propres Doubles inquiétants.

Cette double articulation dit bien qu'au fond James Bond, sous ses dehors de «signifiant libre» est avant tout la pure incarnation fantasmatique d'un instinct de mort (son «permis de tuer») et d'une pulsion sexuelle (son «permis de séduire») qui seraient cautionnés et légitimés socialement («au Service Secret de Sa Majesté») au lieu d'être, comme pour le commun des mortels, soumis au travail répressif d'un double interdit sociétal. Il est donc ce vivant oxymore qui ne peut que nous faire rêver, sous toutes ses différentes réincarnations (car il est un mythe de l'éternel recommencement): une brute sur-civilisée.

 

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Blogues associés: James Bond a 50 ans et Bond Again.

 

Soumis par Antonio Dominguez Leiva le 9/11/2012
Catégories: Erotisme, Espionnage

Constellation de signes à la plus haute gloire de la société de consommation, James Bond est avant tout un mythe de l’érotisme triomphant. Si la presse française vacille pendant un temps autour de la question «007: de l’érotisme ou pas?» (V. Morin), c’est parce qu’on s’interroge si «l'amant parfait, l'homme capable, après une journée de chasse à l'espion, de passer une nuit d'amour digne de Casanova...» n’est pas, au fond, un Surmâle machinique. D’aucuns signalent qu’il « il tue sans plaisir, comme il doit faire l'amour... c'est un robot conquérant», ou se demandent même s'il le fait tout court. «Ce Casanova est-il capable d'amour? Ce Don Juan est-il viril?»

Soumis par Antonio Dominguez Leiva le 8/11/2012
Catégories: Espionnage

Il est difficile, tant la saga de James Bond a triomphé et essaimé à son tour quantité d’œuvres et de genres (du «Euro-espionnage» oscillant entre pastiche et parodie au blockbuster d’action présentement hégémonique dont les traits bondiens sont patents), d’imaginer à quel point les premiers romans de Ian Fleming furent surprenants (voire, à plus d’un titre, choquants).

Soumis par Antonio Dominguez Leiva le 7/11/2012
Catégories: Idéologie, Espionnage

De Bond nous savons avant tout les signes sociaux dont il se pare, concrétisés dans les objets dont il s’entoure et qui finissent par le définir. Il est littéralement, mythe ultime de la société de la consommation, ce qu’il consomme. D’où l’incursion des marques connues, bien avant le placement de produits dans les films (et dont les films risqueront, notamment à la période Brosnan, n’être plus qu’une simple extension).

Soumis par Antonio Dominguez Leiva le 6/11/2012
Catégories: Espionnage

Il n’est pas hasardeux que, parmi la grande panoplie de figures de la culture populaire des bouillonnantes sixties, JB ait tant intéressé la sémiologie. C’est que le héros est tout entier une panoplie de signes récurrents dont il est toutefois plus que la simple Somme: le smoking, le Walther PPK, la vodka-Martini «au shaker, non à la cuillère», la réplique-étendard «Bond, James Bond»…

Soumis par Antonio Dominguez Leiva le 4/11/2012
Catégories: Espionnage

Affranchi du contexte historique et des coordonnées nationales qui l’avaient fait naître, le mythe Bond saura, pour exister, s’affranchir de son auteur. Ceci sera d’autant plus surprenant qu’il relève, pour une grande part, de l’autofiction avant la lettre, aux antipodes des critiques qui n’ont voulu voir en Fleming qu’un simple «ingénieur en romans pour consommation de masse».

Soumis par Antonio Dominguez Leiva le 2/11/2012
Catégories: Culture Geek, Espionnage

Mythe paradoxal s’il en est, James Bond est avant tout une constellation de mythèmes sans cesse en quête de refondation. Pour se construire, il a surtout dû savoir se défaire, et ce, dès ses origines.