Millet vs Arcan: les antipodes de la sexualité féminine

Millet vs Arcan: les antipodes de la sexualité féminine

Soumis par Valérie Levert le 07/02/2013
Catégories: Erotisme

 

Dotées d’un plus grand pouvoir sur la parole, les femmes prennent d’assaut la littérature, notamment en ce qui a trait à leur sexualité. Par le biais de cet art, elles rectifient leur point de vue sur la sexualité, jusque-là tenu majoritairement par les hommes. Des romans comme Baise-moiL’incesteL’usage de la photo ou encore Putain et La vie sexuelle de Catherine M. illustrent l’évidence de la nouvelle écriture féminine prise en charge par ces femmes libérées. À leur sortie, les tabous explosent et dorénavant un nouveau corpus apparaît: celui du  corps, de la  sexualité, de la pornographie, de l'inceste et de la prostitution. La proscription du film Baise-moi de Virginie Despentes, à sa parution en France, illustre parfaitement que «l'expérience des limites est sans cesse repoussée et de plus en plus circonscrite par des frontières floues et mouvantes»1 dans ce nouveau courant littéraire qu’est la littérature contemporaine des femmes. Ainsi, par le biais de la scène publique, les femmes mettent à jour la mécanique de ces «machines désirantes et désirées» et exposent leurs positions en ce qui concerne leur perception du sexe. Ces positions se remarquent de manière antinomique dans les romans autobiographiques de Nelly Arcan et de Catherine Millet, soit Putain et La vie sexuelle de Catherine M. En effet, dans l’un, la sexualité est dénonciatrice du patriarcat dominant et elle est utilisée pour transgresser et se mettre à mort, tandis que dans l’autre, la sexualité est exploitée comme un élixir sublime où l’interdit n’existe pas.

 

Maman, Papa, faites-moi jouir

Dans Putain de Nelly Arcan, la sexualité prend son ancrage dans son enfance. En effet, l’auteure raconte d’emblée qu’elle s’est faite putain pour renier tout ce qui jusque-là [l]’avait définie»2, soit la perception d’elle-même au travers des yeux de ses parents. Ayant sa mère en totale abjection, elle avouera avoir écrit ce livre depuis le lit de celle-ci3 qu’elle considère comme une vulgaire larve. Pourtant, il sera aisé de constater que non seulement l’ouvrage reposera presque entièrement sur cet objet, mais qu’une grande part de sa vie le sera aussi. Arcan utilisera donc cette voix, soit celle de l’écriture, pour dénoncer le cauchemar de son enfance où l’amour parental n’est qu’un étranger partagé entre un lit et un christianisme fanatique:

[…] cette mère que je déteste à chaque moment, jusque dans la plus lointaine de mes arrière-pensées, et si je la déteste à ce point ce n’est pas pour sa tyrannie[…], mais pour sa vie de larve, sa vie de gigoter à la même place, se retournant son impuissance, sa vie de gémir d’être elle-même, ignorée par mon père, sa vie de penser que mon père la persécute et lui veut du mal, mais mon père ne veut rien d’elle, rien pour elle, il ne la déteste ni ne l’aime, seule la pitié le retient.4

[…] mon père ne m’a jamais violée alors que j’étais sur ses genoux, les petites fesses qui bougent sur sa queue pour trouver un point d’appui, il ne m’a pas violée, mais il a fait pire, il m’a prise sur ses épaules pour m’enseigner son point de vue sur le monde, son point de vue qui prend plaisir à traquer les gens heureux et à écraser les fleurs pour l’unique raison qu’elles ont poussé dans une serre et non selon la volonté divine, en un lieu où la nature l’aurait commandé, le point de vue de l’homme qui se châtie d’être vivant, il m’a transmis sa hantise du bonheur.5

Ainsi, le malheur de la narratrice prend source dans le couple que forment ses parents où chacun projette l’extrême de leur aliénation parentale et sociale sur leur fille. Très tôt, la jeune femme aura conscience du couple dysfonctionnel que forment ses parents. Promptement,  elle se croira «issue d’une aberration»6 et, comme ses parents, elle se sentira incapable d’aimer d’amour. Étant hantée par l’idée de ressembler à sa mère et frustrée du fanatisme religieux de son père elle alliera la transgression à ces gestes afin de combattre ce sentiment. En effet, voulant fuir l’état de larve dans lequel sa mère est plongée, ironiquement, elle «s’activera» au lit. Pour mieux défier les lois de Dieu, elle se fera putain; «préféra[nt l’obscénité d]es hommes à la laideur de [s]a mère»7. De cette façon, l’érotisme lui permettra de se mettre en position de «déséquilibre dans lequel [elle] se met[tra elle]-même en question, consciemment»8 afin de faire le point sur sa vie, mais aussi sur celui de la société qu’elle ne pourra regarder que du point de vue de son père, soit d’un œil pessimiste: «j’aimerais vous dire la splendeur des paysages et des couchers de soleil, la senteur des lilas et tout le reste, ce qui rend heureux […] je pourrais vous décrire la beauté du monde si je savais la voir […], mais je suis trop occupée à mourir»9. Étant profondément malheureuse, l’auteure sera habitée par la pulsion de mort et le métier de pute ne sera qu’un moyen pour parvenir à une fin certaine. En effet, l’orgasme étant connu pour représenter «une petite mort», la narratrice utilisera cette forme de mise à mort de manière répétitive, soit en enchaînant les clients l’un après l’autre: «Et ce n’est pas ma vie qui m’anime, c’est celle des autres, toujours, chaque fois que mon corps se met en mouvement, […] j’ai parfois du plaisir, je ne peux pas dire le contraire, j’en ai toujours»10. Ironiquement, on peut prétendre que cette transgression par le sexe lui permettra de contenir, voire «d’élimine[r] [momentanément] la violence et les mouvements de violence»11qui l’habite. Cette brutalité sera donc rejetée sur son corps qu’elle «tyrannise[ra] de [s]a fureur en le repoussant de toutes ses forces, en le fuyant comme si [elle] allai[t] lui échapper»12 et cette fuite momentanée se produira au travers de l’orgasme et de la transgression des interdits. Pour elle, la prostitution ne sera qu’une façon de représenter son «mal de vivre»13, car n’ayant pas de zone grise, ni ne sachant «choisir entre l’excès et le néant»14elle choisira les deux, soit l’excès des rapports sexuels et le néant; la mort.

Aussi, ayant la conviction profonde que sa beauté, alliée à sa jeunesse, lui procure un certain pouvoir, elle s’apercevra, très jeune, que sa beauté lui est serviable et qu’elle lui ouvre généreusement les portes. «Depuis toujours, la séduction lui procure une incommensurable satisfaction narcissique qu'elle éprouve aussi dans le contexte de la prostitution puisque sa séduction, sa beauté sont alors attestées un nombre incalculable de fois, grâce à un nombre incalculable de clients.»15 Son père contribuera aussi à idéaliser cette idée de conserver la pureté de la jeunesse puisqu’il lui «a[ura] tout raconté du malheur de vieillir, de perdre sa taille d’enfant qu’on porte sur ses épaules, car ensuite on ne peut aimer les autres qu’à distance»16. Ainsi, elle deviendra complètement obsédée, comme nous le verrons plus loin, de garder une image plastique de la jeunesse.

Cependant, sa beauté sera aussi une façon de «tuer [s]a mère»17

 puisqu’elle croira lui avoir volé sa vénusté. En contrepartie, sa plastique parfaite lui sera fatale, car elle croira porter en elle le germe du vide, celui auquel elle doit payer de sa vie et qui se transmet de génération en génération18. De ce fait, elle se voudra vivante en étant active, pour ne pas ressembler à sa mère, et elle se voudra morte afin de mettre un terme à ce poison qui circule dans ses veines.

Cet état ambivalent d’éros et de thanatos s’illustre à merveille alors qu’elle aborde l’idée de devenir mère et qu’elle projette sa petite fille fictive, qui elle, ne serait qu’une forme de dédoublement de sa personne, un prolongement d’elle-même: «[…]si un jour j’ai une fille, je la baptiserai Morgane, je fusionnerai en elle la  morgue et l’organe, je  lui donnerai un nom qui  porte en lui le poids de la vie et le froid de la mort»19.

Mais cette idée de grossesse sera vite réfutée, car au travers de ce prolongement elle croira transmettre le poison même de sa mère qui la hante. Mais surtout, elle croira être aux prises avec l’obsession de la majorité des femmes occidentalisées, soit qu’avoir un enfant correspond à la déformation du corps de la femme. Par conséquent, elle croira anéantir les chances de se faire désirer à nouveau par les hommes, et donc, aboutir dans un état similaire à celui de sa mère: une larve. Ainsi, elle introjectera le mal qui réside en sa marâtre et on pourra remarquer chez Arcan un comportement mélancolique. À ce sujet, Kristeva répond:

Pour protéger maman, je me tue tout en sachant - savoir fantasmatique et protecteur-, que c’est d’elle que ça vient […] ainsi ma haine est sauve et ma culpabilité matricide est effacée. Je fais d’Elle une image de la Mort pour m’empêcher de me briser en mille morceaux par la haine que je me porte quand je m’identifie à Elle […]20

Le thème de la mort sera donc récurrent dans son roman et le seul moyen qu’elle trouvera, pour l’instant, avant d’y arriver, sera de se donner la «petite mort» à répétition. La parole sera alors, tout comme le sexe, répétitive et accablante et transformera son discours en une sorte de mélodie monotone pour se changer en litanies récurrentes et obsédantes21. Ce faisant, son roman ressemblera à un long cri du cœur où les points se feront rares et où ce ne sera qu’une série de virgules qui «hurlent»22 à la tête des hommes, des femmes et des diktats de la société. De plus, ce roman sera écrit de manière  à «haleter [s]on histoire comme si [elle] était en plein accouplement»23 et où ce halètement deviendra violent puisque celui-ci, comme l’orgasme, représentera une forme de mise à mort de la narratrice: «Je ne laisserai personne m’empêcher de souhaiter la mort parce que c’est tout ce que j’ai, enfin tout ce que je veux»24. Par l’écriture, la narratrice posera un geste de résistance envers sa hantise de ressembler à sa mère et le discours d’Arcan se fera envahissant dans le récit puisqu’elle exercera un contrôle absolu en faisant d’elle l’unique sujet qui raconte (Labrosse, 2010, 40).

Quant au roman de Catherine Millet l’écriture semble lui permettre d'élargir la notion d'espace qui la subjugue tant. D’ailleurs, un chapitre entier est consacré à ce thème où elle explique qu’elle a dû fuguer pour fuir l’espace restreint et étouffant vécu chez ses parents. En effet, un peu à la manière d’Arcan les parents de Millet souffraient de se côtoyer et la mère de Millet avait fait le choix de compenser son déficit d’affection conjugal en choisissant de dormir avec sa fille au lieu de dormir dans le lit matrimonial25. Son roman s'ouvrira alors sur un espace intime et personnel où l'auteure raconte comment elle a dû apprendre à se masturber «en chien de fusil», sans bouger, sans faire de bruit, puisque sa mère, chaque soir, dormait avec elle. Ce faisant, il lui sera totalement impossible de faire l’expérience naturelle de la découverte de son corps en toute intimité sans éprouver une certaine culpabilité émise par les propos de  sa mère. En effet, chaque fois que sa mère la surprendra en train de se masturber elle la secouera en la traitant «de petite vicieuse»26.  Ainsi privée d’intimité, la jeune femme s’empressera de fuguer de ce lieu clos et «la première fois qu’[elle] fui[ra] cet endroit, [elle] bais[era] pour la première fois»27. Ainsi, elle s’activera rapidement de transgresser l’interdit sublime imposé par sa mère.

Pour Millet, faire «la découverte de [son] corps et [de sa sexualité dans un contexte réduit] a indubitablement été «tributaire de la nécessité d'élargir l'espace où [son] corps se déplace»27. Évidemment, à la manière d’Arcan, cette sexualité sera aussi reliée à un désir de transgresser et de ne pas s’identifier à la mère. Cependant, afin de se découvrir, il lui aura donc fallu explorer des distances géométriques pour accéder à des parties d’elle-même. Mais ces parties concerneront que celles qui sont reliées à sa génitalité, et celles appartenant à son intériorité ne seront que rarement exposées. En ce sens, l’écriture s’avèrera beaucoup plus pornographique puisque le sujet fait presque une totale abstraction de son intériorité ce qui a pour effet de contraster avec Putain où, dans ce livre, toutes les scènes sont reliées à sa psyché. Pourtant, tout comme Arcan, les scènes racontées ne seront qu’un enchaînement monotone et obsessif, mais la différence réside dans le fait que dans le roman de Millet tout est écrit afin d’exprimer une facette de sa sexualité. En effet, dans ses mémoires sexuels, Millet, contrairement à la narratrice de Putain, balaiera avec empressement ces thèmes de l’intériorité. Ce fait s’illustre à la perfection alors qu’elle parle de son avortement. La scène est très brève et Millet raconte l'événement comme-ci: «J’avais une crise de tétanie […] un même symptôme était apparu une fois que je m'étais fait avorter, et le gynécologue m'avait expliqué que je manquais de calcium»28. Cela se produit de la même façon alors qu’elle parle de ses premières menstruations ou encore lorsqu’elle parle de l’homme de sa vie. Aucun sentiment, si ce n’est que sa jalousie éphémère, ne ressortira de ses scènes, même l’orgasme ne sera pas énoncé. Ces passages seront donc écrits de manière à poursuivre le récit sexuel ou à démontrer combien elle fut, à un moment, innocente en ce domaine. De la même manière, ces extraits de texte tendent à croire que l’auteure essaie peut-être de camoufler un silence ou encore un vide derrière la surcharge de détails et d’expériences pornographiques présentés dans le roman. Ainsi, tout comme Arcan, Millet ne sera «pas très sentimentale»29 et les propos concernant l’émotivité ne serviront, au final, qu’à explorer une facette de plus de sa sexualité et à illustrer sa «naïveté enfantine».

Par conséquent, un peu comme le père d’Arcan tentera de faire avec elle, la mère de Millet restreindra sa fille dans un corps d’enfant en ne l’informant pas sur le plan sexuel, en la traitant de «petite vicieuse» et en dormant avec elle jusqu’à ses 18 ans. «C'est sans doute grâce à cette douleur, à cette obsession qu'elle apparaît enfin aux yeux du lecteur plutôt que de disparaître, absorbée dans le désir de l'autre»30. Cet état d’âme obsessif et naïf relatif à la sexualité la suivra à chaque expérience et la protagoniste exploitera ce fait avec les hommes. À ce sujet, elle dira qu’elle entrera «dans la vie sexuelle adulte comme [une] petite fille».31

Enfin, il est aisé de comparer la situation de Millet à celle d’Arcan puisque toutes deux s’opposent complètement au comportement de leur mère, soit en devenant des femmes hyperactives sur le plan sexuel. Les deux pousseront les limites de ce moyen transgressif pour défier leurs parents, mais l’une le fera pour se tuer à petit feu, tandis que l’autre sera à la conquête d’espaces jamais assez grands pour fuir une enfance qui la largement étouffée. L’une sera mélancolique et choisira la plupart du temps le néant et l’autre se retrouvera dans un état similaire à Arcan par la vacuité de son intérieur. Au final, les deux seront incapables d’aimer et le sexe ne sera qu’un court moment à fortes tensions pour se procurer un bonheur toujours éphémère.

 

«Je» est un orifice

Chez Nelly Arcan, le sexe devient dégoûtant alors qu’elle accumule les hommes. Au travers de l’écriture, Arcan utilisera sa voix pour dénoncer la construction sociale aliénante de la beauté féminine. Ce faisant, l’auteure offrira une critique des plus virulentes à propos de «la condition des femmes en Amérique du Nord […] en ce qu’il attaque directement les bases du mythe de la beauté qui, sous couvert d’encourager les soins du corps et le bien-être général de la personne, cache une véritable haine du corps féminin brut, non-paré»32. Ainsi, elle réagira fortement quant au discours des hommes sur l’esthétique «obligé» de la femme en décriant les propos rapportés de ses clients:

[…] je ne dois pas faire ce métier trop longtemps, car je pourrais vieillir, devenir une vieille pute alors qu’il n’y a rien de pire, rien de plus misérable qu’une peau de vache qui s’acharne à plaire aux hommes, portant l’audace jusqu’à demander jusqu’à demander qu’on la paye en retour, voilà ce qu’on me dit, qu’il faut être belle pour se prostituer et encore plus belle pour être une escorte […] et qu’il faut être jeune surtout, pas plus de vingt ans, car après vingt ans les femmes ramollissent33

Ce faisant, elle dénoncera une contradiction de l’esthétisme corporel imposé par le sexe adverse puisque ces clients seront souvent gras, laids, handicapés, vieillissants et avec une «queue qui ne supporte pas d’être lâchée, car elle pend[ra] aussitôt et se perd[ra] dans le[ur] poil gris»34. Elle ajoutera que les clients se croient dans la légitimité d’obtenir de la femme un corps sublime puisque bien qu’ils ne soient pas parfaits du point de vue corporel, «après tout [se sont eux] qui pay[en]t, [se sont eux] le[s] client[s, c’est pourquoi ils auront] bien le droit d’avoir des attentes, des goûts comme tout le monde»35. Aussi, selon les commentaires de ses clients, seuls les hommes auront le privilège d'échapper à l'esclavage de l'apparence tandis que les femmes devront être complètement soumises aux diktats de l’esthétique pour parvenir à séduire un homme. Par conséquent, «plus encore qu'un discours sur la «putasserie», le récit propose […] une réflexion sur le féminin à l'ère du triomphe de l'image»36.

De ce fait, elle se sentira que comme un objet modelé pour le contentement des hommes, comme un orifice où les hommes viendront y mettre leur «queue». Et bien que parfois cela lui fasse mal, les hommes ne s’empêcheront pas de profiter de sa situation de putain-soumise qui doit s’exécuter, moyennant de l’argent:

[…] dans les larmes sans tristesse qui glissent sur les queues qui fouillent ma gorge, dans l’attente de l’orgasme et même après, dans l’âpreté du sperme que je n’ai pas su prendre dans ma bouche, il faut bien que je fasse mon travail […] je ne peux que céder, car ni la perspective de la douleur ni celle du dégoût ne saurait  renverser la certitude chez eux du plaisir que j’y trouve, et je dis non et ils disent oui, et je dis ça fait mal et ils disent j’y vais doucement, tu verras, ça fait du bien, mais oui c’est vrai […] qu’est-ce que vouloir, penser ou décider lorsqu’on est pendue à tous les cous, à toutes les queues.

Subséquemment, par son métier et le discours tenu par ces hommes, elle se sentira comme une esclave du sexe qui ne travaille que pour le désir de ce genre d’hommes et où, elle n’aura pas un mot à dire bien que ce soit de son corps que la clientèle use. Par conséquent, elle traitera les hommes de «bêtes», tout en se considérant aussi comme telle, comme une «chienne»fn]Ibid, p. 63. , soit en exécutant sagement les demandes  de ses clients. Ainsi, leurs relations frôleront l’animalité et elle en fera la démonstration dans cet extrait:

comment oublier cet homme qui jappe et qui geint comme une bête, qui veut qu’on le frappe en lui criant de ne pas décharger, je ne t’ai pas demandé de me regarder, cabot, baisse les yeux et lèche ça, prends ça, ça t’apprendra, et qu’est-ce que cette larve de chien qui bande malgré les coups de plus en plus assurés, malgré l’absurdité de bander ainsi de la douleur et de la honte de me faire voir à moi putain le plus triste des spectacles, la dévotion de l’esclave à son maître37.

Bataille explique que l’animalité, de même que la bestialité, fait partie intégrante de l’érotisme. Ce faisant, le plaisir sexuel prend toute sa forme dans l’expression de l’interdit de transgression par le sens du retour à la nature qu’il invoque puisque l’animalité est le fondement même de l’érotisme38. Bien que l’animalité puisque ainsi s’expliquer dans le comportement masculin, il n’en demeure pas moins que certains des clients de la narratrice imposent une forme de sadisme sur la jeune femme en la réduisant psychologiquement comme un objet sexuel et une esclave du sexe, et en la traitant physiquement de la sorte. Cependant, pour se substituer à eux, elle préférera être en «position de chienne» pour éviter de les embrasser, pour ne pas «avoir affaire à l’étalement de leur personne sur la [s]ienne» puisqu’au moins,  sa «tête [pourra] être ailleurs»39. Elle préférera cette position,  car une fois face à face, les hommes profiteront allègrement de cette posture afin de lui faire ressentir l’idée qu’elle n’est qu’un objet sexuel. Cette réduction psychologique s’illustre de manière remarquable alors que ses clients en profitent pour éjaculer «leur sperme sur [elle], sur [s]a figure, dans [s]es yeux»40. Ainsi, le sentiment de transgression chez l’homme se fait sentir dans l’aberration et la femme devient désirée que pour sa beauté que les hommes auront envie de profaner41 en la «salissant» de la sorte. En elle, elle portera la souillure de l’animalité que l’homme voudra salir, mais aussi jouir par le fait qu’elle ne soit qu’une prostituée: «je n'ai rien inventé [...] j'ai tout vu et ça continue encore, tous les jours […] des bouts d'homme, leur queue seulement, des bouts de queue qui s'émeuvent pour je ne sais quoi, car ce n'est pas de moi qu'ils bandent, ça n'a jamais été de moi, c'est de ma putasserie, du fait que je suis là pour ça»42. De la sorte, l’humanité de l’homme est transgressée dans l’interdit. «Elle est transgressée, profanée, souillée [et] plus grande est la beauté, plus profonde est la souillure»43; imposée, ici, à la narratrice. En conséquence, elle n’aura l’impression d’être qu’«un décor»44, qu’une automate en effectuant, l’un après l’autre, «des gestes mécaniques et douloureux de poupées décoiffées» pour satisfaire ses clients.

Par conséquent, pour démontrer toute la répugnance qu’elle ressent vis-à-vis ces hommes, ces «milliers d’hommes» «dans [s]on lit, dans [s]a bouche»18 elle usera de moyens secondaires, quoique représentatifs de sa répulsion. En effet, étant dégoûtée de constater que les clients ne font aucun cas du nombre d’hommes qui utilisent son corps par jour, elle leur signifiera que ce ne sont pas les premiers en laissant s’accumuler la poussière dans sa chambre et en ne vidant pas la «grande décharge»45:

la règle veut qu’on se charge de vider le panier de chambres et celui de la salle de bain [où sont accumulés les préservatifs et les mouchoirs puisqu’un] débordement pourrait intimider les clients, les diminuer devant la puissance accumulée de l’éjaculation des autres […] le sperme a une odeur particulière qui ne s’atténue pas avec le temps46.

C’est donc un désir de transgresser qui l’animera aussi, mais dans le seul but de confronter les hommes à cette réalité. Par ce geste interdit, elle voudra que le client sache et «sente» sa transgression puisqu’au travers de sa position de prostituée elle se sent soumise et sans droit de parole. Cet effet de projection du dégoût sur l’autre effectuera alors tout un jeu de miroirs entre son aversion pour eux, pour leur morale et la répulsion qu’elle ressent pour elle-même. Au final, tout ceci ne servira qu’à la «dégoûter encore plus»47 d’elle-même.

Cependant, elle réagira de manière ambigüe en comblant ses temps libres à l’entretien de son corps. Son discours féministe sera donc des plus incertains sur ce point, mais il est clair qu’il dénoncera combien cette femme est prise dans l’ancrage hypersexualisé que prône actuellement le patriarcat en Occident. Effectivement, pour s’assurer de plaire à ses clients elle aimera se faire «gonfler [l]es lèvres avec du silicone, les lèvres et les seins […] et [faire de] l’exercice physique, […] pour raffermir le ventre, les fesses et […] les cuisses»48. Ce faisant, elle donnera raison à Simone de Beauvoir en devenant ainsi femme. Et, ne voyant aucun échappatoire à cette dictature des corps féminins, elle croira en des solutions soient absurdes ou utopiques, telles que «les femmes se défassent de leur miroir [ou] qu’il n’y ait plus qu’un seul sexe […] ou [encore] que toutes les femmes se suicident d’un seul coup de dégoût»49 pour que les hommes aient «une bonne leçon [et s’aperçoivent] qu’eux aussi sont devenus vieux et laids»50 et qu’enfin, ils gardent leurs mains sur eux.

Quant au roman de Millet, à l’intérieur de celui-ci la sexualité est valorisée, même honorée puisqu'elle représente un lieu de liberté qui ne comporte aucune limite. Au travers de la sexualité, elle se sent donc héroïne au point de rendre l’acte  teinté d’adoration. Bataille expose cette idée: «D’une manière fondamentale, est sacré ce qui est l’objet d’un interdit […] Ce sentiment se change à la limite de la dévotion; il se change en adoration»51. Et c’est précisément ce qui se passera avec l’auteure puisqu’au contraire d’Arcan, le nombre sera une véritable exaltation. Plus qu’il y aura d’individus qui se serviront de son corps, hommes et femmes confondues, mieux elle aimera ça.  Cette «femme […] s'inscrit [donc] dans un réseau sexuel qui n'est pas celui de la prostitution, où le corps devient la marchandise de l'échange, mais où l'échange est mutuel, où il a pour but des plaisirs sexuels et gratuits»52. Ainsi, la sexualité devient un système d’échange consensuel où chacun se sert de l’autre pour parvenir à un plaisir certain. Par conséquent, en opposition avec Arcan, le fait de se sentir comme un orifice lui plaît énormément et plus elle accumule les rencontres plus le plaisir est amplifié et magnifié. À ce sujet, elle fantasme: «Je me suis beaucoup excitée en m’imaginant être le sac à foutre d’une bande de congressistes énervés qui me fourraient en cachette les uns des autres»53, mais aussi, elle exécute:

Dans une rue dégagée […] j’ai trouvé refuge à l’arrière d’une camionnette de la Ville de Paris, de toute évidence parce qu’il se trouvait dans le groupe un employé municipal. Les hommes entraient à tour de rôle. J’étais accroupie pour les sucer ou couchée […], essayant de présenter au mieux mon cul pour faciliter leur prise.54

De cette façon, l’auteure exprime la joie de se faire culbuter par une cohorte d’hommes qui font la file derrière son «cul» et par sa manière de raconter l’acte très mécaniquement, l’auteure nous laisse croire que les relations sexuelles ressemblent, pour elle, ni plus ni moins, à une production industrielle à la chaîne, mais d’une façon magnifiée. L’effet de la femme-objet qui se complaît dans ce rôle est amplifié alors qu’elle écrit à quel point elle aime «être palpée et retournée comme une marchandise de choix»55. Cette chaîne de rencontres seront donc pour elle, à chaque nouveau corps, un nouveau plaisir ressenti: «Je me contentais de découvrir que cette défaillance voluptueuse que j’éprouvais au contact de l’ineffable douceur de toutes les lèvres étrangères, ou lorsqu’une main s’appliquait sur mon pubis, pouvait se renouveler à l’infini puisqu’il s’avérait que le monde était plein d’hommes disposés à cela»56. Le sexe apparaît alors comme pure fonction mécanique doublée de sublime. Cependant, bien que le sexe suscite une exaltation, le sexe sera si fréquent que, comme Arcan, elle se surprendra plusieurs fois à agir en automate lors des relations sexuelles: «même si, de moi-même, je bouge encore, c’est par automatisme»57. Cela confirme donc l’idée d’un automatisme chez ce personnage et cela la rapproche du point de vue d’Arcan. Bien que l’acte soit valorisé et produit dans le plus grand respect du corps de l’autre, l’auteure n’en demeure pas moins une femme-objet, un orifice pour ces messieurs qui usent d’elle à la chaîne, sans toutefois, au contraire de l’auteure de Putain, la répugner.

L’idée du respect est importante puisque grâce à celui-ci, contrairement à Arcan, le sexe sera sans malice, peu importe qui la touche. Cette femme sera constamment dans l’attente d'être prise en charge et elle sera prête à être remplie par n'importe quel homme58, mais ici, pour son propre plaisir et non pour se procurer des biens ou payer ses études, bien que les cadeaux soient les bienvenus, et même considérés comme un trophée pour la prouesse de ses performances59. Ainsi, en toutes circonstances, elle sera consentante et elle n’aura aucune «hésitation, [ni] arrière-pensée [en étant ouverte] par toutes les ouvertures de son corps, dans toute l’étendue de [s]a conscience,»60 aux hommes. Au contraire, cela flattera son égo d’être si bien appréciée après.

De surcroît, l’effet de la femme-objet sera d’autant plus accentué par le fait qu’elle s’enverra en l’air avec les plus laids, les plus gros, avec ceux qui font pitié, même avec les pleurnichards, qui croient être les seuls avec qui elle n’a pas couché et pour qui elle n’éprouve aucun désir particulier, et même ceux qui sont malpropres. Le nombre d’hommes avec qui elle aura eu des relations sexuelles semblera incalculable, pittoresque et étourdissant tellement que les scènes défilent et s’enchaînent les unes après les autres. Cependant, pour elle, le fait d’être ainsi disponible à tous les hommes, en toutes circonstances, l’amènera à se croire au-dessus de tout préjugé social et ainsi, elle s’autorisera les «plus grandes éloges»18 pour sa personne; alors que nous pourrons constater que le nombre ne fait qu’empirer la déchéance dans laquelle Arcan se jette éperdument.

En ce qui concerne les préjugés, comme nous l’avons mentionné, aucun interdit ne l’arrêtera dans le domaine du sexe. Elle se plaira même à «jouer à la transgression»23. Ainsi, cette femme sera comblée dans la scatophilie et dans la coprophilie; aucune déjection du corps humain ne la repoussera. À ce sujet, elle dira que c’est «le bien-être parfait que [celui de connaître,] lorsque dans le plaisir, on s’est pour ainsi dire défait de son corps auprès d’un autre». Elle ajoutera que bien qu’il y ait un  «jet de vomissure [qui] éclabousse la pointe des pieds, qu’un peu de merde suinte entre les fesses […] s’il s’y mêle de la volupté, ce n’est que [pure jouissance]» 61. Cette façon de faire fait un retour à l’animalité et on peut aisément comparer les deux protagonistes dans ce rôle puisque, selon Bataille, «la pléthore des organes appelle ce déchaînement de mécanismes étrangers à l’ordonnance des conduites humaines»62. Ce déchaînement s’effectuera alors par le fait de rendre public le fait d’évacuer les déchets corporels. Cette tendance sera notable, et même amplifiée, alors qu’elle dira avoir tendance «à marquer son territoire, comme le ferait un animal»63. Par cette comparaison, elle essaiera, toujours dans sa quête de découvertes de parties d’elle-même, de s’«approprier [l’espace] par osmose» 18 et elle verra en son animalité quelque chose de naturel et d’acceptable, et non d’abject comme le croirait Arcan.

Ainsi, au travers de cette sexualité transgressive, voire animale, il nous sera permis de découvrir une certaine forme de vulnérabilité chez la protagoniste, bien que celle-ci soit éphémère. Millet, en livrant plusieurs détails de sa vie sexuelle, n'a pas pour but de provoquer, mais elle expose brutalement une sexualité archimécanique, dépourvue de sentiments. «Si de nombreux critiques ont attribué une certaine froideur à La vie sexuelle de Catherine M., cela peut s’expliquer en partie par le regard distancié de l’auteure qui évoque les scènes sexuelles collectives comme elle décrirait une installation ou une performance dans une galerie»64. C’est pourquoi le lecteur doit interpréter ces enchaînements monotones et répétitifs avec l’œil de l’auteur, soit en les regardant comme une œuvre d’art comportant une esthétique de la beauté plus valorisée que génitale.18 De ce côté, Millet est totalement à l’opposé d’Arcan puisque cette dernière utilise le récit pour décrier des injustices, et où, le sexe est surtout vu comme une perversion de l’homme.

 

Conclusion

En somme, les deux auteures proposent un discours de vérité sur leur vie sexuelle, en témoignant chacune à leur façon une facette antinomique de leur propre perception à ce sujet. «Si l'une met en scène dans sa biographie sexuelle un corps sans organes, une machine désirante où chaque organe agit en interrelation, sans distinctions et sans hiérarchie, la seconde expose, […] l'horreur»65

 de la prostitution et des diktats sociaux féminins. Le roman Putain se présentera alors comme un long monologue qui provoque un réel embarras chez le lecteur et qui sera amplifié par les phrases interminables et lancinantes15 de l’auteure. Cependant, les deux femmes utiliseront le médium du roman pour parler ouvertement de quelque chose dont elles se sentent incapables de faire verbalement et l’écriture leur permettra d’exposer leur intériorité. Tandis qu’Arcan le fera en hurlant littéralement sa colère et son abjection, Millet le fera en exposant machinalement ses conquêtes sexuelles avec lesquelles elle s’amusera et que l’on pourrait comparer avec une œuvre d’art par le fait qu’elle attribue, avec un maniérisme démesuré maintes descriptions pour nous faire voir, à travers ses yeux,  la beauté de sa sexualité débridée. Malgré toutes leurs différences, l’écriture du sexe amènera les auteurs à réfléchir sur leur propre identité et par le dévoilement explicite de leur intimité ces femmes dépasseront les limites tenues, jusque-là, closes. Ce faisant, elles dénonceront tous les préjugés quant à la sexualité des femmes et bientôt, nous verrons que derrière ce travail créateur une stylistique parfaite se dévoile. Les auteures proposeront alors une lecture, aussi inconfortable que divertissante, tout en visant un seul et unique but, soit égaliser les sexes en transgressant aussi fortement que les hommes par le biais de l’écriture.

 

Bibliographie

 

Articles de périodiques

ABDELMOUMEN, Mélikah, «Liberté, Féminité, Fatalité: cyber entretien avec Nelly Arcan», Spirale: arts • lettres • sciences humaines, n° 215, 2007, p. 34-37,  [En ligne via UQAM Érudit], http://id.erudit.org/iderudit/10372ac, (page consultée le 10 décembre 2012).

BORDELEAU, Francine. «La mise en scène de l’autofiction», Spirale: arts • lettres • sciences humaines, n° 182, 2002, p. 22, [En ligne via UQAM Érudit], http://id.erudit.org/iderudit/17877ac, (page consultée le 10 décembre 2012).

CHAMBERLAND, Roger. «Les machines désirantes et l’écriture du sexe: des femmes et de la littérature», Québec français, n° 128, 2003, p. 43-46,  [En ligne via UQAM Érudit], http://id.erudit.org/iderudit/55776ac, (page consultée le 10 décembre 2012).

JOSEPH, Sandrine. «Rêveries», Spirale: arts • lettres • sciences humaines, n° 225, 2009, p. 47-48, [En ligne via UQAM Érudit], http://id.erudit.org/iderudit/16692ac, (page consultée le 10 décembre 2012).

LABROSSE, Claudia. «L’impératif de beauté du corps féminin: la minceur, l’obésité et la sexualité dans les romans de Lise Tremblay et de Nelly Arcan», Recherches féministes, vol. 23, n° 2, 2010, p. 25-43, [En ligne via UQAM Érudit], http://id.erudit.org/iderudit/045665ar, (page consultée le 10 décembre 2012).

 

Doctorat

LEDOUX, Lucie.  «PORNOGRAPHIE, FÉMINISME, SUBVERSION», UQAM, novembre 2011,  359 p.

 

Maîtrise

KRAUTH, Louise. Représentation du sexe chez N. Arcan, V. Despentes, M.-S. Labrèche et C. Millet, Université de Montréal, août 2011, 104 p.

PAGÉ, Pascale. La nouvelle érotique féminine au Québec, UQAM, Juin 2008, 175 p. 

 

Monographies

ARCAN, Nelly. Putain, Éditions du Seuil, France, 2001, 187 p.

MILLET, Catherine. La vie sexuelle de Catherine M., Éditions du Seuil, France, 2001, 234 p.

 

Ouvrages de référence

BATAILLE, Georges. L’érotisme, Les Éditions de Minuit, Normandie, 2011, 284 p.

KRISTEVA, Julia. Soleil Noir, Gallimard Folio essais, France, 1987, 265 p.

LABROSSE, Claudia. «L’impératif de beauté du corps féminin: la minceur, l’obésité et la sexualité dans les romans de Lise Tremblay et de Nelly Arcan», Recherches féministes, vol. 23, n° 2, 2010, p. 25-43, [En ligne via UQAM Érudit]

 

Sites Internet

Figure 1: E-Santé.fr, «sexualité féminine», [En ligne], http://www.e-sante.fr/sexualite-feminine, (page consultée le 10 décembre 2012).

 

  • 1. CHAMBERLAND, Roger. «Les machines désirantes et l’écriture du sexe: des femmes et de la littérature», Québec français, n° 128, 2003, [En ligne via UQAM Érudit], http://id.erudit.org/iderudit/55776ac, (page consultée le 10 décembre 2012), p. 43.
  • 2. ARCAN, Nelly. Putain, Éditions du Seuil, France, 2001,  p. 7-8.
  • 3. Ibid, p.58.
  • 4. Ibid, p. 36.
  • 5. Ibid, p. 165.
  • 6. Ibid, p. 37.
  • 7. Ibid, p. 73.
  • 8. BATAILLE, Georges. L’érotisme, Les Éditions de Minuit, Normandie, 2011 p. 35.
  • 9. Nelly ARCAN, Op.cit., p. 80.
  • 10. Ibid, p. 20.
  • 11. Georges BATAILLE, Op. Cit., p. 41.
  • 12. Nelly ARCAN, Op. Cit., p. 46.
  • 13. Ibid, p. 47.
  • 14. Ibid, p. 123.
  • 15. a. b. BORDELEAU, Francine. «La mise en scène de l’autofiction», Spirale: arts • lettres • sciences humaines, n° 182, 2002, p.22.
  • 16. Nelly ARCAN,  Op.cit., p. 166.
  • 17. ARCAN, Nelly, op. Cit., p. 80.
  • 18. a. b. c. d. e. Idem.
  • 19. Nelly ARCAN, Op. cit., p. 76.
  • 20. KRISTEVA, Julia. Soleil Noir, Gallimard Folio essais, France, 1987, p. 39.
  • 21. Ibid, p. 45.
  • 22. Nelly ARCAN, Op. cit., p. 25.
  • 23. a. b. Ibid, p. 54.
  • 24. Ibid, p. 55.
  • 25. MILLET, Catherine. La vie sexuelle de Catherine M., p. 132.
  • 26. Ibid, p.133.
  • 27. a. b. Ibid, p. 130.
  • 28. Ibid, p. 229.
  • 29. Catherine MILLET, Op. Cit, p. 208.
  • 30. JOSEPH, Sandrine. «Rêveries», Spirale: arts • lettres • sciences humaines, n° 225, 2009, p.47.
  • 31. MILLET, Catherine. Op.cit., p. 17.
  • 32. LABROSSE, Claudia. «L’impératif de beauté du corps féminin: la minceur, l’obésité et la sexualité dans les romans de Lise Tremblay et de Nelly Arcan», Recherches féministes, vol. 23, n° 2, 2010, p. 40.
  • 33. Nelly ARCAN, Op. cit, p.32.
  • 34. Ibid, p. 32,
  • 35. Ibid, p. 158.
  • 36. BORDELEAU, Francine. «La mise en scène de l’autofiction», Spirale: arts • lettres • sciences humaines, n° 182, 2002, [En ligne via UQAM Érudit], http://id.erudit.org/iderudit/17877ac, (page consultée le 10 décembre 2012), p.22.
  • 37. Ibid, p.62.
  • 38. Georges BATAILLE, Op.cit. p. 102.
  • 39. Nelly ARCAN, Op. Cit., p. 45.
  • 40. Ibid, p. 19.
  • 41. Georges BATAILLE, Op.cit. p. 155.
  • 42. Nelly ARCAN, Op. Cit., p. 19.
  • 43. Georges BATAILLE, Op.cit. p. 156.
  • 44. Nelly ARCAN, Op. Cit., p. 25.
  • 45. Ibid, p. 129.
  • 46. Idem.
  • 47. Ibid, p. 145.
  • 48. Ibid, p. 94.
  • 49. ARCAN, p. 76.
  • 50. Ibid, p. 79.
  • 51. BATAILLE, Georges. L’érotisme, p. 71.
  • 52. CHAMBERLAND, Roger. «Les machines désirantes et l’écriture du sexe: des femmes et de la littérature», Québec français, n° 128, 2003,  p. 45.
  • 53. Catherine MILLET, Op. Cit., p. 125.
  • 54. Ibid, p. 139.
  • 55. Catherine MILLET, Op. Cit., p. 102.
  • 56. Ibid, p. 15.
  • 57. Ibid, p. 228.
  • 58. JOSEPH, Sandrine. «Rêveries», Spirale: arts • lettres • sciences humaines, n° 225, 2009, p.48.
  • 59. Catherine MILLET, Op. Cit., p. 83.
  • 60. Ibid, p. 46.
  • 61. Ibid, p. 157.
  • 62. Georges BATAILLE, Op. Cit., p. 113.
  • 63. Catherine MILLET, Op. Cit., p. 163.
  • 64. KRAUTH, Louise. Représentation du sexe chez N. Arcan, V. Despentes, M.-S. Labrèche et C. Millet, Université de Montréal, août 2011, p. 34.
  • 65. Ibid, p. 247.