La violence et les enfants dans «Sa Majesté des Mouches» et «Hunger Games»

La violence et les enfants dans «Sa Majesté des Mouches» et «Hunger Games»

Soumis par Justine Lheureux le 26/06/2018

 

Introduction

Le roman Sa Majesté des Mouches, de William Golding, témoigne d’une certaine violence fondatrice qui se dévoile chez des enfants, alors qu’ils sont prisonniers d’une île déserte et qu’ils tentent d’y fonder une sorte de civilisation. Pour sa part, Hunger Games, de Suzanne Collins, présente un gouvernement qui, pour se venger de ses districts qui se sont jadis révoltés contre lui, organise un jeu annuel dans lequel des adolescents doivent s’entretuer jusqu’au dernier dans une arène. Bien que le premier ait été écrit en 1954 et que son récit se déroule dans un contexte historique réel, et que le second soit paru presque cinquante ans plus tard sous une forme davantage science-fictionnelle, les œuvres présentent toutes deux des personnages en pleine croissance, manifestant une violence qui semble être hautement influencée par les adultes. Dans le cas du roman de Golding, cette influence est indirecte: nous pouvons la percevoir dans la manière qu’ont les enfants de tenter d’agir comme de petits adultes, dans un comportement qui les mènera vers un véritable bain de sang. Pour ce qui est de l’œuvre de Collins, l’influence des grandes personnes y est plus évidente: c’est le gouvernement qui envoie lui-même les enfants à la guerre. Au cours de cette analyse, nous verrons comment les personnages de chacun des deux romans sont en réalité les victimes d’un monde adulte duquel la civilité n’est qu’une façade.

 

L’innocence des boucs émissaires

Dans Sa Majesté des Mouches, nous ne sommes pas témoins, en tant que lecteurs, du monde extérieur à l’île déserte. En effet, nous ne pouvons que le deviner grâce aux indices qui nous sont donnés dans le texte, ainsi qu’observer les comportements des enfants qui, peu à peu, tendent à former un microcosme qui se veut représentatif de leur ancienne vie. Nous pouvons déduire, à la lecture du récit, qu’il se déroule en temps de guerre. Plusieurs éléments peuvent nous le confirmer. D’abord, un écrasement d’avion qui ne compte que des enfants peut nous laisser supposer que ceux-ci allaient être évacués vers un endroit sûr. Puis, le cadavre du parachutiste qui atterrit sur l’île pourrait très bien provenir d’un avion de guerre qui a été touché par un projectile quelconque. Enfin, les officiers qui débarquent sur l’île à la toute fin du récit proviennent d’un cuirassé –un navire de guerre– et demandent d’une manière douloureusement banale aux enfants: «[v]ous jouiez à la guerre?», puis «[p]as de victimes, j’espère? Pas de cadavres?» (Golding: 174). L’expression «jouer à la guerre» qu’utilise l’officier résume bien l’idée que, dans ce contexte d’un monde en conflit, les enfants soient des éponges, et n’aient d’autre choix que de s’inspirer de ce modèle de violence dont ils sont témoins chez eux pour tenter de faire fonctionner leur petite société.

«Jouer», c’est le mot que l’officier trouve pour décrire ce que font les enfants, qui, en vérité, se chassent les uns les autres dans une guerre empreinte d’une sauvagerie primitive. Comment expliquer que des enfants éduqués dans les meilleures écoles britanniques, dans des familles aisées qui leur ont appris les bonnes manières, se soient retrouvés aux prises avec une violence assez forte pour qu’il y ait des morts parmi eux? Qu’ils aient assassiné leurs camarades? Les enfants «jouent» en fait à être les adultes parmi lesquels ils ont grandi.

Dans Hunger Games, pourquoi le Capitole, le gouvernement d’un pays des plus high-tech et raffiné, ressent-il autant le besoin de se défouler face à un spectacle aussi cruel?

En effet, nous retrouvons un enjeu du même genre dans le roman de Collins: son titre fait lui-même référence au jeu. Les Hunger Games –les Jeux de la Faim– entraînent également des enfants, bien que plus vieux, à être violents les uns envers les autres. Or, comment –et cela vaut aussi pour Sa Majesté des Mouches– la guerre peut-elle être un jeu? Les civilisations représentées dans les deux œuvres sont des sociétés qui sacrifient leurs enfants, qui n’y sont pour rien dans leurs problèmes de grandes personnes. Dans le récit de Golding, nous pouvons en effet penser que jamais les garçons ne se seraient retrouvés dans cette situation si le monde dans lequel ils sont nés n’avait pas été hostile, et s’il ne les avait pas obligés à monter dans un avion pour se réfugier ailleurs. Pour ce qui est du roman de Collins, nous pouvons ressentir une profonde injustice tout au long de sa lecture, car les tributs sont pigés au hasard parmi des adolescents dont même les parents n’étaient pas nés lorsque les rébellions contre le Capitole ont eu lieu, rébellions desquelles le gouvernement désire se venger en rappelant chaque année aux districts qu’il est le plus fort.

Alors que les occupants de l’île, dans un cas, et de l’arène, de l’autre, développent des tensions violentes les uns envers les autres, il importe d’approfondir notre réflexion plus loin qu’en ne blâmant que les personnages qui, absorbés par un état d’esprit sauvage, n’hésitent pas à frapper les plus faibles. Plus précisément, nous devons lire en nous rappelant que le véritable coupable n’est pas nécessairement présent sur les lieux des massacres. Dans Hunger Games, le véritable ennemi n’est pas celui qui tue, mais quelque chose de plus grand, qui pousse les personnages à la violence. Katniss le réalise elle-même lorsqu’un concurrent tue Rue, la petite fille de douze ans qui lui fait tant penser à sa petite sœur. Au moment où elle pleure la mort de la fillette, au lieu de ressentir de la haine pour celui qui a planté son épieu dans le ventre de celle-ci, la jeune fille pense: «[h]aïr le garçon du district Un, qui paraît lui aussi tellement vulnérable dans la mort, serait absurde. C’est le Capitole que je hais de nous infliger ça» (Collins: 185). Rue, dans ce passage, est le symbole de ce que représentent tous les tributs: des boucs émissaires, sacrifiés au dieu pour lequel se prend le président Snow, qui utilise comme cibles des innocents. 

 

La folie du sauvage

Dans les deux romans étudiés, il est intéressant de constater la transformation drastique des personnages, élevés dans la civilité, qui évoluent dans un état de sauvagerie qui s’accroît dans la progression du texte. C’est comme si le progrès n’empêchait pas la violence. En effet, dans Hunger Games, nous pouvons constater que le Capitole dispose de technologies révolutionnaires, tandis que dans Sa Majesté des Mouches, nous avons affaire à des personnages éduqués dans des écoles anglaises –dont un groupe qui provient d’une école privée réputée qui constituera sur l’île la bande de sauvages.

Nous pourrions facilement comparer le personnage de Jack, dans Sa Majesté des Mouches, avec celui de Cato, dans Hunger Games. Le premier, leader dans une grande école britannique, devient le chef des chasseurs sur l’île. La chasse semble le mettre dans un état de transe: lorsqu’il parvient à attraper une truie, il n’hésite pas à la tuer de manière extrêmement violente et à la dépecer devant les autres enfants qui sont figés par la peur. Jack en vient même à diriger une chasse à l’homme contre Ralph, à la fin du récit, qui vise clairement à le tuer, afin de ne garder sur l’île que ses adeptes sauvages. Nous pouvons nous demander comment un jeune garçon bien éduqué, qui s’exprime avec distinction et qui a autrefois été désigné par ses professeurs pour être à la tête d’un groupe d’élèves, a pu devenir cet être primitif et violent. Freud répond à cette question en soutenant que «[l]a joie de satisfaire un instinct resté sauvage, non domestiqué par le Moi, est incomparablement plus intense que celle d'assouvir un instinct dompté» (Freud: 22). Ce côté violent s’est donc peut-être toujours trouvé en lui. Toutefois, cette idée de tuer a peut-être été glissée, lentement, dans son cerveau, alors qu’il grandissait sous l’autorité d’un monde d’adultes. À en croire Freud, il s’agit d’un mélange de ces deux théories, car nous pouvons lire plus loin, dans Malaise dans la civilisation:

[l]es hommes d'aujourd'hui ont poussé si loin la maîtrise des forces de la nature qu'avec leur aide il leur est devenu facile de s'exterminer mutuellement jusqu'au dernier. Ils le savent bien, et c'est ce qui explique une bonne part de leur agitation présente, de leur malheur et de leur angoisse. (Freud: 91)

Malgré leur manière civilisée de vivre dans le monde extérieur, nous pouvons supposer une conscience de la violence refoulée de cette société définie par le progrès qu’est l’Angleterre des années 1950. Si l’on se fie à Freud, c’est peut-être même ce progrès qui, justement, donne un sentiment de supériorité et de force aux adultes de cette civilisation qui se développe dans un calme qui est donc trompeur. Les agissements de Jack sur l’île transpercent ce refoulement longtemps gardé; c’est ce qui fait éclater une guerre dans ce microcosme improvisé.

D’un autre côté, dans le roman de Collins, Cato est un adolescent qui vient d’un district aisé et proche du Capitole. Il est de ceux qui se sont entraînés toute leur vie pour pouvoir un jour participer à ces jeux, et ainsi devenir la fierté du gouvernement. Il est redoutable, fort et menaçant. Aurait-il eu un tempérament aussi violent s’il était né dans un pays où tuer pour gagner une réputation n’est pas valorisé? Peut-être. Or, la situation dans laquelle il est plongé par le Capitole finit par le rendre fou de rage. Nous pouvons constater toute la sauvagerie de son comportement face au garçon du district Trois lorsque Katniss détruit les provisions des carrières:

[l]e pauvre n’a pas le temps de prendre ses jambes à son cou et de faire trois foulées que Cato l’attrape en étranglement par derrière. Je vois Cato gonfler ses muscles et lui tordre la tête d’un coup sec. […] Les autres étaient consternés, bien sûr, mais lui était fou de rage. J’en arrive à me demander s’il a toute sa raison. (Collins: 176-253)

La volonté de Cato d’être reconnu comme un vainqueur auprès du Capitole semble être un motif important de sa présence dans l’arène et donc de son comportement durant ce passage; car, sans provisions, la victoire est moins probable. L’absence de pitié de Cato envers le tribut du Trois rappelle inévitablement l’attitude de Jack envers le pauvre Piggy dans Sa Majesté des Mouches: le petit garçon qui ne veut qu’aider afin que tous puissent rentrer chez eux en sécurité.

L’intrusion de la sauvagerie se fait même chez les protagonistes auxquels on s’attache, ceux chez qui nous pouvons avoir de la difficulté de croire que les pensées saines peuvent faire place à la déraison. Pourtant, nous pouvons remarquer que plus le roman de Golding avance, plus Ralph a de la difficulté à tenir un discours rassurant et structuré durant les meetings. Textuellement, nous pouvons lire qu’un «volet» se referme dans son cerveau alors qu’il réfléchit, comme si en ce lieu sauvage la capacité de se raisonner était mise en péril. Dans Hunger Games, Katniss subit la même transformation mentale au cours de sa mésaventure. Au début du récit, elle est terrorisée à l’idée de se faire tuer, et peut-être même plus à la pensée qu’elle devra peut-être elle-même exécuter des concurrents. Pourtant, après la mort de Rue, cet état d’esprit change drastiquement. Elle pense même: «Je ne suis plus une proie condamnée à courir, à se cacher ou à prendre des mesures désespérées. Si Cato surgissait des arbres à cet instant, je ne m’enfuirais pas, je lui lancerais une flèche. En fait, j’anticipe ce moment avec plaisir» (Collins: 156).

Le fait qu’un désir de tuer naisse en elle suite à la mort injuste de son amie est représentatif de l’enjeu principal dont il est question dans cette analyse: en causant la mort de Rue, le Capitole –qui se veut représenter l’image d’un monde d’adultes puissants– a transformé Katniss en meurtrière assoiffée de sang, en sauvage au désir de vengeance. Nous pouvons avoir l’impression qu’elle est tombée dans le même piège que celui dont Cato est victime: celui de la folie, définie comme un état d’esprit horrible qui «s'accompagne toujours d'une grande souffrance qui augmente en même temps que l'incompréhension de l'entourage» (Fortin: 5). Puis, en continuant notre lecture jusqu’à la fin des jeux, nous pouvons lire, alors que la jeune fille regarde Peeta à l’article de la mort: «Je sursaute en voyant un visage s’approcher à quelques centimètres du mien, puis je réalise qu’il s’agit de mon propre reflet dans la vitre. Les yeux brillants, les joues creuses, les cheveux en bataille. Une vraie sauvage. Une folle furieuse» (Collins: 271). Katniss, tout comme Cato et Jack, a atteint le bout du rouleau.

 

Le théâtre, la conque et le feu

Ainsi, les jeunes victimes de la violence des adultes ne peuvent que sombrer tranquillement dans la folie lorsqu’ils sont livrés à eux-mêmes, que ce soit sur une île paradisiaque ou dans une arène de combat. La lutte pour la survie amène la déraison. D’ailleurs, l’île de Sa Majesté des Mouches joue un rôle d’arène de jeux pour les enfants qui s’y trouvent. Elle comporte plusieurs points en commun avec l’espace attribués aux Jeux de la Faim dans le roman de Collins, même si les espaces représentés par les deux œuvres sont totalement différents. D’abord, Lise Andries définit l’île déserte, dans le roman de Golding, comme «le théâtre d'une terrible lutte à mort. L'innocence est définitivement perdue et la capacité chez Robinson de cultiver son île, de la coloniser, de créer les objets nécessaires à sa survie devient hautement critiquable» (Andries: 117). Cette description du lieu comme un théâtre sanglant pourrait s’appliquer mot pour mot à l’arène des Jeux.

En second lieu, la corne d’abondance de l’arène des Hunger Games, qui constitue le lieu du bain de sang traditionnel des premières minutes des jeux, porte la forme d’une conque. Elle ne peut que nous rappeler celle que Ralph et Piggy trouvent dans la mer lors de leur première journée sur l’île, et qui représente pour eux une promesse de pouvoir et d’ordre. Le fait que cet objet symbolique perd de sa signification démocratique et juste tout au long de l’œuvre, et que la paix se brise alors que l’importance de l’objet meurt aux yeux des sauvages, le rapproche d’autant plus de ce lieu où, dans l’arène du président Snow, la violence est la clé d’une mort atroce pour tous les malchanceux qui n’auront pas su se défendre contre les plus forts.

Ensuite, nous ne pouvons passer à côté de l’importance du feu dans les deux romans. Dans Sa Majesté des Mouches, l’incendie causé au début est accidentel, mais très significatif: un enfant y disparaît. Le feu cause une première mort dont personne n’ose parler, causée par une euphorie chez les enfants, qui ont en quelque sorte perdu le contrôle. Le feu semble donc être représentatif de la fragilité des enfants, de leur innocence, de leur petitesse face aux catastrophes qu’ils ont le pouvoir de causer sans le vouloir. Toutefois, à la fin de l’histoire, alors que Ralph est désormais le seul à ne pas être devenu sauvage et que les autres veulent sa mort à tout prix, les chasseurs incendient la forêt. Cette fois, le feu est voulu, il est une arme destructrice, un symbole de l’absence maintenant totale de raison chez les garçons. L’évolution d’un feu accidentel à l’incendie allumé dans le but de tuer rappelle l’évolution de Katniss, la fille du feu, qui passe de l’angoisse à la soif de tuer.

Chez Collins, le feu est davantage un symbole de révolte. Il est au départ l’idée de Cinna, le styliste de Katniss, qui semble voir en elle une battante plutôt qu’une victime. Le feu est une arme, non contre les autres tributs, mais contre le Capitole, les adultes, les riches, ceux qui veulent voir le sang des innocents couler. Katniss et Peeta le portent avec frayeur, mais cet élément n’en laisse rien paraître. Cependant, comme nous pouvons le lire chez Golding, le feu se retourne contre Katniss au moment où les Juges s’en servent contre elle: brûlée vive au mollet gauche et aux mains, la jeune fille paraît plus que jamais comme l’objet d’une injustice.

 

Un destin injuste

Les personnages de Golding et de Collins vivent une situation qui peut être symbolisée par une certaine préparation à la vie d’adulte qui les attend: une vie où la violence est déguisée, cachée derrière un voile de maintien et de civilité. Une foule de questionnements peut jaillir en nous en tant que lecteurs des dystopies présentées par ces deux récits. Par exemple, lorsque Katniss songe à l’éventualité de la mort de Peeta dans cette arène, elle pense: «s’il meurt, je ne pourrai jamais retourner chez moi, pas complètement. Je passerai le restant de mes jours dans cette arène, à chercher la sortie.» (Collins: 268) Cette réflexion peut nous faire penser aux enfants survivants de Sa Majesté des Mouches. Même s’ils rentrent chez eux, retrouveront-ils réellement la paix? Ce séjour sur l’île n’était-il qu’une préparation à la vie en société, qui est plus violente qu’on ne le croit quand nous sommes enfants? Vivront-ils éternellement avec la culpabilité d’avoir pris part à une telle violence, d’être responsable de la mort d’enfants innocents?

La vie après les jeux, ou bien la vie après le séjour sur l’île, ne sera en effet plus jamais la même pour les protagonistes, qui seront pris avec le questionnement que l’on peut se faire en tant que lecteur de ces œuvres: à quoi rime une vie civilisée quand nous connaissons l’existence d’une violence horrible, dissimulée? Dans le roman de Collins, Katniss réfléchit à ce propos, se questionnant sur le sens de la vie des habitants privilégiés du Capitole: «[q]ue font-ils de leurs journées, ces gens du Capitole, à part orner leur corps et attendre une nouvelle cargaison de tributs pour se distraire par le spectacle de leur mort?» (Collins: 53)

Dans cette réflexion de la jeune fille, nous pouvons nous intéresser à la question de «l’ornement du corps». Dans les deux œuvres, les vêtements font figure de parures dans lesquelles les personnages agissent de manière civilisée. En effet, au fil de la lecture des deux romans, nous pouvons constater ce qu’ils cachent. Dans Sa Majesté des Mouches, les enfants arrivent sur l’île habillés en écoliers; les premiers temps, la vie se résume au jeu, aux meetings et à l’organisation de leur sauvetage. Or, au fil du temps, les vêtements des enfants se déchirent, se salissent, se soustraient en même temps que ces fameux meetings. La transformation en sauvages se fait par l’accumulation de saletés sur les corps qui se dénudent.

Dans le même sens, dans Hunger Games, le vêtement joue un rôle paradoxal en couvrant les tributs de tissus flamboyants, spectaculaires et colorés dans les cérémonies qui précèdent les Jeux, faisant ressortir leur beauté et toute leur magnificence. Cela marque un contraste fort avec l’état de dépérissement dans lequel ils se retrouveront plus tard dans l’arène. La distance qui sépare les Jeux et leurs fidèles spectateurs du Capitole se fait également par l’apparence physique de ceux-ci, qui se divertissent face au spectacle des morts juvéniles dans leurs habits haut de gamme. Dans les deux œuvres, le vêtement est donc un symbole du camouflage d’une sauvagerie sanglante.

 

Conclusion

En résumé, Sa Majesté des Mouches et Hunger Games sont des romans qui dévoilent un grand problème de violence chez l’humain. Chaque œuvre a sa propre manière de présenter des figures de boucs émissaires sacrifiés au nom des plus forts, des personnages victimes d’une folie qui s’immiscent en eux alors qu’ils deviennent sauvages, des symboles de justice détruits, mais surtout, une injustice profonde dans le sort des enfants. Toutefois, il faut noter des notes d’espoir dans ces textes qui dénoncent des failles dans le comportement humain, que ce soit dans l’amitié entre Katniss et Rue, ou celle qui lie Ralph et Piggy. Or, l’assassinat de Piggy et de Rue brise cette perspective optimiste d’une solution à la violence imposée par les plus forts: c’est pourquoi les récits de Collins et de Golding restent de redoutables dystopies.

 

Bibliographie

ANDRIES, Lise. 1999. « Les images et les choses dans Robinson et les robinsonnades », Études françaises. Vol. 35, no 1, p.95-122.

COLLINS, Suzanne. 2008. Hunger Games [Format Kobo], 305p.

FORTIN, Guylaine. 1991. « L’univers de la folie », Ciel variable. No 15, p.5.

FREUD, Sigmund. 1929. Malaise dans la civilisation. Les classiques des sciences sociales. En ligne. http://classiques.uqac.ca/classiques/freud_sigmund/malaise_civilisation/...

GOLDING, William. 1954. Sa Majesté des Mouches [Format Kobo], 176p.