Femmes ingouvernables: (re)penser l'irrévérence féminine dans l'imaginaire populaire contemporain

Femmes ingouvernables: (re)penser l'irrévérence féminine dans l'imaginaire populaire contemporain

Soumis par Sarah Grenier-Millette le 02/05/2016

 

Les mercredi et jeudi 4 et 5 mai 2016 aura lieu à la Salle des Boiseries de l'UQAM (J-2805) le colloque étudiant Figura «Femmes ingouvernables: (re)penser l'irrévérence féminine dans l'imaginaire populaire contemporain», organisé par Joyce Baker et Fanie Demeule, doctorantes en études littéraires à l'UQAM et fières collaboratrices de la revue Pop-en-stock

Ce colloque sera enregistré et diffusé en direct sur le site de l'Observatoire de l'imaginaire contemporain. Le lien sera diffusé sur notre page Facebook! Gardez l'oeil ouvert!

 

PROGRAMME
 
Mercredi 4 mai
9h30: Mot de bienvenue des organisatrices 
Performance
Mélissa SIMARD (ULaval).
«À Rose de la part de Cola…»
 
 

10h15: Performance: S’approprier la scène
Présidente de séance: Chantal SAVOIE (UQAM)

 
Camille SAINTAGNE (Sorbonne Nouvelle).
«La performeuse burlesque: de la femme gouvernée à l'artiste ingouvernable»

 
Ariane GRUET-PELCHAT (ULaval).
«La Duchesse Parle: Annie-Claude Deschênes comme prêtresse asservissante»

 
Jeanne LAROCQUE-JEFFREY, Morgane CLÉMENT-GAGNON et Marjorie CHAMPAGNE (Diadème Québec).
«"La Revengeance des duchesses": Une réappropriation féministe de la fête»
 
13h: Littéraire: Transgressions en théories et en fictions 
Présidente de séance: Joyce BAKER (UQÀM)

 
Fanie DEMEULE (UQAM).
«Throne of Glass et la violence au féminin en young adult fiction»
 

Charlotte COUTU (UQÀM).
«Femmes violentes et transgression de genre dans les nouvelles de l'auteure finlandaise Rosa Liksom»

 
Marie DARSIGNY (UQAM).
«La dépression comme acte de résistance en littérature: de la Sad Girl à la Sick Woman»
 
 
14h45: Humour: Rires et rhétoriques de l’ingouvernable 
Présidente de séance: Fanie DEMEULE (UQAM)

 
Joyce BAKER (UQAM).
«Irrévérencieuse en humour québécois ou la réappropriation de l'insulte chez Mariana Mazza et Mélanie Couture»
 

Thomas LAFONTAINE (UQAM).
«Stand-up! Stratégies d’écriture humoristique et constructions d’identités dissidentes dans les stand-up de Margaret Cho et de Chelsea Peretti»

 
Sandrine GALAND (UQAM).
«“Funny like a guy”: corporalité, réseautage et genre dans la comedy américaine»
 
15h45: TABLE RASE
Présentation d’un extrait vidéo et discussion animée par Samuel ARCHIBALD (UQAM)
Marie-Anick BLAIS, Vicky BERTRAND, Catherine CHABOT, Rose-Anne DÉRY, Sarah LAURENDEAU, et Marie-Noëlle VOISIN 


 
 
16h45: Synthèse



 
 
Jeudi 5 mai


 
9h45: Conférence d'ouverture 
Martine DELVAUX (UQAM).
«Ingouvernable Jessica Jones»
 
10h15: Écran: (Di)visions des genres et sexualités en culture écranique

Présidente de séance: Martine DELVAUX (UQAM)

 
Dinaïg STALL (UQAM).
«Stella, féministe au firmament? “The Fall”, anatomie des violences masculines»

 
Gabrielle DORÉ (UQAM).
«Les nouvelles figures de femmes détectives: une utopie féministe?»

 
Laurence PELLETIER (UQAM).
«Érotique du cyborg: réflexion sur la différence sexuelle dans “Ex Machina” d'Alex Garland»
 
12h00: Bande dessinée: Renouveaux de la superhéroïne 

Président de séance: Antonio DOMINGUEZ-LEIVA (UQAM)
 

Jean-Michel BERTHIAUME (UQAM).
«“We will be the stars we were always meant to be" réattribution sexuelle dans le canon superhéroïque de Marvel»

 
Mylène TRUCHON (UQAC).
«Feminism’s Not (Un)Dead: Michonne et Andrea, figures de résistance dans la bande dessinée “The Walking Dead”»

 
André-Philippe LAPOINTE (UQAM).
«Une société de violence, la réponse des guerrières. De la science-fiction punk en bande dessinée»
 
14h30: Musique: Voix dissidentes et militantes

Président: Soline ASSELIN (UQAM)

 
Maude LAFLEUR (UQAM).
«L’autofiction comme un appel aux armes: la musique mobilisatrice d’Emilie Autumn et de Otep»

 
Krystel BERTRAND (UQAM).
«Femmes militaires, femmes guerrières: La place du féminin dans le métal extrême»
 
15h45: Figure et imaginaire: Persistances et ruptures
Présidente de séance : Krystel BERTRAND (UQAM)
 

Tristan BERA (UdeM).
«Considérations science-fictives de l’image de la femme, les mondes de demain pour décrire le monde d’aujourd’hui»

 
Aurélie CHEVANELLE-COUTURE (McGill).
«De Médée à Maleficent: la sorcière et le mal indécidable»

 
Marion GINGRAS-GAGNÉ (UQAM).
«Subversion et éloge de la "méchante" dans Maleficent: la femme forte et puissante comme nouvelle héroïne du conte de Disney»


 
 
17h15: Mot de clôture

 

PRÉSENTATION DU COLLOQUE

Tantôt crainte pour cause du pouvoir qu’elle incarne, tantôt admirée pour son aplomb, la femme irrévérencieuse hante les imaginaires collectifs et la culture populaire en s’incarnant sous une pluralité de visages. Pour Kathleen Rowe, la “Unruly Woman” (que nous traduisons librement par «femme ingouvernable») est cette figure archétypale qui perturbe l’image traditionnelle de la féminité, notamment en manifestant des comportements en décalage avec ce que l’on attend du féminin. Selon Rowe, la femme ingouvernable peut présenter une forte corpulence, adopter des comportements dérangeants tels que de parler trop fort, de faire preuve d’un humour salace et assumé, ou encore d’exprimer sa colère en public et de faire preuve d’agressivité; à notre sens, elle peut aussi jouer la carte de la classe, de l'auto promotion et de l’hyperféminité assumée.

Si la figure féminine est habituellement celle qui se fait regarder, qui fait parler d’elle ou est la cible des blagues, la femme ingouvernable est celle qui regarde, parle et s’impose d’elle-même en spectacle. Laissant entendre haut et fort ses désirs comme sa rage, elle incarne l’archétype de femme en tant que sujet. Par cette attitude irrévérencieuse, elle se positionne elle-même au centre du discours et clame son droit à l’expression, mais aussi à son pouvoir dans l’espace public. Ce qui devient provocant chez la femme ingouvernable n’est pas tant son rejet de la féminité, qu’elle tend souvent, au contraire, à conserver sous plusieurs traits, que sa propension à faire cohabiter sans gêne des éléments féminins et masculins, car “elle ébranle l’une des distinctions fondamentales – celle entre le masculin et le féminin. ” (Rowe, p. 31, notre traduction) L’une des incarnations de la femme ingouvernable serait la figure de la Virago, cette «femme d’allure masculine, autoritaire et criarde». Il est intéressant d’observer que chez la femme, l’attitude colérique et la violence ont de tout temps été perçues comme des marques de virilité – d’où l’origine du terme Virago, constitué du latin vir, désignant l’homme. En raison de sa reconfiguration libre des genres, elle laisse rarement indifférent; si elle se voit parfois s’attirer le mépris, elle n’en inspire pas moins l’admiration, et même l’identification auprès des auditoires. Quelle apparaisse sous une apparence androgyne ou hyperféminine, on la dénigre ou on l’admire en même temps et parce que l’on reconnaît chez elle le pouvoir féminin, et donc le renversement qu’elle initie, car la femme ingouvernable refuse massivement le rôle de victime et d’oppressée qu’on veut lui faire endosser. Ce faisant, celle-ci peut questionner les attentes que l’on cultive envers le féminin et proposer un décalage en utilisant ce qu’on attend d’elle (telles que le culte de l’apparence et la séduction) comme d’une arme, à ses propres fins.

Ce colloque, qui se tiendra les 4 et 5 mai 2016 à l'UQAM, se propose de réfléchir sur la multiplicité des figurations de femmes ingouvernables au sein de la culture populaire contemporaine. Qu’elle soit guerrière (Xena, Hit Girl), sorcière (Maleficient, Melisandre), superhéroïne (Black Widow), détective (Jessica Jones), travailleuse du sexe (Ovidie), femme artiste (Gaga, Cyrus), lutteuse (Ronda, Chyna) ou encore criminelle (Aileen Wuornos), l’irrévérencieuse infiltre à l’heure actuelle tous les médiums et médias populaires; littérature, cinéma, télévision, bande dessinée, jeu vidéo, arts du spectacle et visuels. C’est donc à travers un prisme multidisciplinaire que nous invitons les éventuel.les participant.es à réfléchir aux implications idéologiques, aux questionnements et aux problématiques que soulèvent les représentations de femmes ingouvernables aujourd’hui. Par conséquent, les pistes de réflexion que nous vous proposons à titre de muses intellectuelles ne représentent qu’une infime parcelle des innombrables possibilités.