Ultron avec Sade (2) À l’ombre du Divin Marquis

Ultron avec Sade (2) À l’ombre du Divin Marquis

Soumis par Antonio Dominguez Leiva le 22/06/2015

 

Parallèlement aux fantasmes de la mythologie politique, la littérature populaire s’est emparée dès l’âge des Lumières de tout l’imaginaire satanique auquel on ne croyait plus (tout à fait) pour en faire une prodigieuse machinerie à fictions. Ce fut notamment la tâche historique du gothique anglais (premier genre de la littérature que l’on dira, par la suite, «industrielle» et dont les illustrations marquèrent durablement la culture visuelle de masses), avec sa consécration de la figure du (super)vilain. Complots maléfiques se succèdent, animés par des sociétés secrètes (allant même jusqu’à constituer un riche sous-genre), tandis que l’héritage satanique s’actualise dans des figures directement démoniaques (gothique surnaturel) ou qui passent pour telles (gothique rationaliste), incarnant la transition du modèle métaphysique à l’ontologie du Mal profane.

Le vilain gothique opéra de fait la cristallisation de plusieurs influences durables, dont au premier chef les tyrans sadiques sénéquéens (nourris de l’expérience des «mauvais empereurs» romains, tel Caligula qui souhaitait, selon Suétone, que le peuple romain n’eut qu’une seule tête pour pouvoir la trancher1), transformés en misanthropes élisabéthains («malcontents» dont le plus pur spécimen reste le Iago shakespearien et qui va nourrir toutes les créatures du Ressentiment supervilainesque). Tandis que les vilains séducteurs du roman sentimental contribueront par leur «sexyness» à l’ériger en emblème de «l’homme fatal» (dont Christian Grey est, on le sait, un lointain héritier, «domestiqué» et rédimé par l’amour virginal d’Anastasia), l’apport miltonien, déjà signalé, ajoutera son lot de révolte métaphysique. Son ombre se fait nettement sentir dans l’œuvre la plus subversive du gothique anglais,  Zofloya le Maure (1806), qui fait du vilain éponyme l’incarnation ultime de Satan. De Melmoth le damné à la pathétique création du Dr Frankenstein, en passant par Ruthven le vampire, l’ombre du vilain surnaturel s’étendra sur les ruines des Lumières, ressuscitant les spectres des vieilles croyances que l’on croyait à jamais dissipées et dont l’affolante panique, transmuée en fiction, ne nous quittera plus jamais. Les supervilains en hériteront quantité de traits, notamment lorsqu’ils s’érigeront globalement en lutte contre l’Humanité.

Toutefois on peut avancer, au risque de choquer la critique (souvent bien-pensante) anglo-saxonne, que la figure la plus aboutie du sur-vilain gothique, celle que l’âge victorien (et son extension culturelle dans le mainstream puritain hollywoodien qui se perpétue jusqu’à nos jours) n’aura de cesse d’occulter tout en en étant obsédé, est celle des libertins criminels sadiens. De la féroce Clairwill au parricide incestueux Saint-Fond qui ourdit un complot malthusien pour supprimer la moitié de la population française, en passant par le chirurgien Rodin amateur de vivisections humaines, le chimiste Almani, autre préfigurateur du «savant fou» ou  Minski, "l’ogre des Apennins", le Divin Marquis pousse jusqu’au bout les figures modernes du Mal, plus angoissantes encore que tout ce que l’imaginaire démonologique avait pu postuler. De fait, les horreurs de la sorcière licencieuse Durand qui accompagne Juliette dans le roman éponyme (version fantasmée de la célèbre empoisonneuse du Grand Siècle La Voisin) pâlissent face à ceux des esthètes du crime du château de Silling. 

L’horizon ultime tracé par ces figures, et qui restera le rêve de tous les supervilains destructeurs à venir, est la théorie du crime pur qui s’appuie sur l’apathie pour configurer une véritable ascèse. Inversant l’impératif catégorique de la vertu kantienne, le crime est ainsi imposé par devoir et non plus par penchant naturel. Pour la veuve Clairwil, le crime «doit être pur, indépendant de tout intérêt personnel» et de toute influence naturelle, ce qui veut dire, chez Sade, lui soumettre même la «sexualité instinctive», afin de dépasser la Nature et accéder à une énergie criminelle absolue. La «scélérate» compte ainsi aboutir à la transcendance du vice: «Je voudrais […] trouver un crime dont l’effet perpétuel agît, même quand je n’agirais plus, en sorte qu’il n’y eût pas un seul instant de ma vie, où même en dormant, je ne fus cause d’un désordre quelconque, et que ce désordre pût s’étendre au point qu’il entraînât une corruption générale, ou un dérangement si formel, qu’au-delà même de ma vie, l’effet s’en prolongeât encore…» (Sade, 1998, 650).

C’est, signale C. C. de Castro en suivant M. Delon, le «même fantasme d’un libertinage au-delà de la mort, revendiqué déjà par Saint-Fond»: «Les deux libertins emploient des artifices équivalents pour braver les limites de la nature et assurer la pérennité de leurs forfaits: tandis que le ministre compte sur l’action des molécules malfaisantes, la veuve cherche un moyen de prolonger ses atrocités à l’infini. Le parallèle entre les personnages est explicite: leur modèle de libertinage est tellement rigoureux qu’il ne s’applique pas sans excéder les paradoxes. Chez leurs complices, cette incohérence entre discours et pratiques provoque des sentiments ambigus. Saint-Fond est tué par son ami intime, Noirceuil. Clairwil subit le même destin. (…) Emportée par la nouvelle amie [la Durand], Juliette tue l’ancienne flegmatiquement» (2014, 43).

Cet échec est aussi celui du projet même du crime ultime en tant que contre-nature, voire anti-nature. On retrouve là une des apories de tout le système sadien, jadis signalées par Klossowski, faille de cette théodicée radicale où la destruction et la mort deviennent les vraies forces créatrices, en une relecture subversive de la célèbre thèse de Spinoza: «toute détermination signifie négation» (omnis determinatio negatio est). Détruire ne peut dès lors être (au grand dam de ces libertins qu’on dira plus tard «psychopathes») que créer, autrement… «Il devient alors au-dessus des forces humaines de prouver qu'il puisse exister aucun crime dans la prétendue destruction d'une créature, de quelque espèce que vous la supposiez. Conduits plus avant encore par la série de nos conséquences, qui naissent toutes les unes des autres, il faudra convenir enfin que, loin de nuire à la nature, l'action que vous commettez, en variant les formes de ses différents ouvrages, est avantageuse pour elle, puisque vous lui fournissez par cette action la matière première de ses reconstructions, dont le travail lui deviendrait impraticable si vous n'anéantissiez pas» (Sade 1998, 145).

L’apologie du crime trace ainsi, en même temps, les propres limites de sa transgression. Cette boucle paradoxale est celle-là même du supervilain comme le montre, sur le mode humoristique, The Supervillain Field Manual: How to Conquer (Super) Friends and Incinerate People (2013) qui, dans son chapitre 10 ("Preparing for Destruction"), indique justement: 

If you’re the type of supervillain who eschews control and prefers to cause wanton chaos by making things explode, then you should know that you’re merely doing the work of nature itself. As Marquis de Sade— a man who we should all model some aspects of our life after—once said, “Destruction, hence, like creation, is one of Nature's mandates.  A crazy French nobleman who liked to poison prostitutes said it, so therefore it must be true. The crack of doom is as much a part of human life on Earth as the crack of dawn. To create devastation is simply to be of the world. But just because something is natural doesn’t mean it’s instinctive. Much like conquering, destroying -if it is to be done properly- is something you must plan, prepare, and gird yourself for. (édition Kindle, s.n.p.)

On aura beau détruire, la création reprend toujours ses droits, ce qui fait du libertinage sadéen, ainsi que du «supervilainisme», une tâche sisypheéenne, à l’image de l’œuvre, sans cesse reprise dans les deux cas (réécriture et amplification chez Sade comme dans l’industrie culturelle des comic books, inlassablement repartie).  C’est qu’en réalité le crime ultime, comme Juliette l’a, elle, bien compris, ne peut être que «le meurtre moral, auquel on parvient par (...) écrit». Écrire le crime est le crime absolu et infini qui «n’est pas dans le texte: il est le texte lui-même» (Vigner, 2005, 286), ce que ne saisiront pas tout à fait les divers supervilains (sauf peut-être le plus métafictionnel de tous ceux-ci, le Joker, tel qu’étudié par notre collaborateur et ami Francis Ouellette dans ce même site).

On l’aura saisi, les supervilains sont des créatures sadiennes qui s’ignorent. Bien au-delà des hommages ponctuels (tels que DeSaad, le «Maître tortionnaire» de Darkseid), nombreux chez Allan Moore ou Grant Morrisson (qui fait du Marquis un personnage essentiel de The Invisibles), c’est l’idée même d’êtres entièrement voués au Mal (et sans cesse frustrés dans leur quête d’Absolu) qui découle de l’œuvre maudite, sans cesse désavouée. La mécanique d’occultation du Romantisme noir, placé tout entier «à l’ombre du Divin Marquis» tout en n’osant jamais l’avouer (et déterrer la logique «terroriste» du texte original) comme l’a jadis démontré Mario Praz dans sa Somme sur La Mort, la chair et le diable (1930) fonctionne ainsi dans la culture populaire jusqu’à nos jours. C’est ce que nous avons appelé, ailleurs, le règne du Sadopop.

Il aura fallu attendre la «British Invasion», consciente et fière de ses ancêtres «décadents», pour que les supervilains des comics embrassent ouvertement le legs de l’œuvre qui les a fait naître: la réécriture des 120 journées de Sodome par Morrisson est à ce titre exemplaire.  Comme le signale Marc Singer dans son étude sur l’auteur:

As de Sade’s fantasy of unrestrained sexual license descends into rape, mutilation and murder, his imaginary libertines brand their captives with bar codes (I.7.11) and ultimately annihilate themselves in a nuclear explosion. One of the libertines recognizes the blast as "The light of reason" (I.7.18), marking planetary extinction as the terminus of the Enlightenment and recalling Byron’s earlier warning, "the brighter the light, the darker the shadow" (I.5.5). "Arcadia" plumbs the dark side of Enlightenment rationalism and utopianism, finding they lead only to better technologies of extermination and control. (2012, 128)

On reconnaît là la lecture qu’Adorno et Horkheimer firent de l’œuvre sadienne dans Dialektik der Aufklärung (La Dialectique de la Raison). C’est dire si, à l’ère afterpop où le high et le pop se croissent indissolublement, certains supervilains sont devenus «critiques». La plupart des autres, dont l’Ultron cinématographique est l’emblème peut-être le plus grotesque, sont restés dans le pur déni. Et donc dans la pure incohérence.

 

Savants (Fous) contre le monde

Au-delà de Satan et de Sade (œuvrant ici de concert), d’autres figures vont se greffer sur le «code génétique» du supervilain, pilier de la culture populaire selon le bon mot de Roger Ebert («each film is only as good as its vilain»), perpétuant la tradition inaugurée il y a trois siècles par les romans de Radcliffe et ses consorts. Il serait impossible, et fastidieux, de les traiter toutes dans tout le détail qu’elles mériteraient (ce sera peut-être la tâche d’une thèse future quelque part dans le «petit monde» des pop studies), mais une place à part doit être faite aux inestimables mad doctors.

Héritiers de l’affreux chirurgien vivisecteur Rodin et du non moins monstrueux «bioterroriste» malthusien Saint-Fond, les savants fous vont incarner du XIXe jusqu’à nos jours où ils continuent de proliférer, à l’intérieur comme à l’extérieur des fictions, la pathologisation de la libido sciendi qui caractérise la modernité médico-disciplinaire (M. Foucault)… Or, que veulent ces adeptes dévoyés de la «science sans conscience» sinon la destruction, selon le titre même de la thèse de notre collaboratrice Elaine Després justement consacrée à la question: «Pourquoi les savants fous veulent-ils détruire le monde?2».

Plusieurs supervilains en partageront les traits, se dotant souvent (par coquetterie intellectuelle ou par cohérence intertextuelle?) du titre de Docteur: Doctor Doom, bien entendu, mais aussi Doctor Octopus (Spiderman), Doctor Spectro ou Doctor Moon (Justice League), le très explicite Doctor Psycho (Wonder Woman), le très occultiste Doctor Alchemy (The Flash), l’über-freudien et über-thanatique Doctor Death (Batman), voire les très métaphysiques Doctor Destiny ou Doctor Impossible (Justice League). C’est que les comic books de l’ère technocratique intronisent très souvent la Science devenue simple adjuvante de la Technologie, autant dans son versant miraculeux pour ce qui est de la transformation superhéroïque que dans son revers ténébreux lorsqu’elle est à l’origine du supervilain, comme en témoigne l’emblématique Dr Doom. Toute une lecture heideggérienne pourrait être faite de cette «technologisation de la (sur)nature», qui s’inscrit dans la cosmogonie superhéroïque dès ses origines: ainsi  le premier supervilain à s’attaquer de façon récurrente à Superman est le «Ultra-Humanite», docteur paralysé qui, suite à une «expérience scientifique», en vient à posséder le «cerveau le plus agile et cultivé de la Terre»… «Unfortunately for mankind," proclame-t-il mélodramatiquement, "I prefer to use this great intellect for crime. My goal? DOMINATION OF THE WORLD!!” (Action Comics #13, Juin 1939).

Cette figure du Conquérant sera toutefois assez vite tentée par la destruction, lançant la «Purple Plague» sur les rues de Metropolis (hommage au classique post-apocalyptique The Purple Cloud de M. P. Shiel, 1901) afin de détruire la race humaine pour lancer une nouvelle, qui lui appartienne entièrement («The human race shall be blotted out so that I can launch a race of my own»). Cet étrange rêve de procréation (voire de pangenèse) alliant eugénisme, narcissisme et démiurgie est bien sûr la marque ultime de l’hybris, provoquant la colère suprême (et «super-divine») de Superman qui l’annihile à son tour (Action Comics #19, Déc. 1939).

On devine là, alliée (ou greffée) à celle du savant fou, une autre figure de la peur, celle de l’anarchiste fin de siècle, qui s’érige à son tour en prototype du supervilain à venir à partir, curieusement du même événement qui est à l’origine de la Fête du Travail du 1er mai, l’attentat de Haymarket à Chicago (1er mai 1886). Peut-être perpétré par un agent provocateur, celui-ci entraîna l’exécution sommaire (et on ne peut plus hâtive) de plusieurs anarchistes, provoquant un raz-de-marée d’indignation ouvrière et, parallèlement, une panique sans précédent chez les nantis. Cet événement traumatique, qui fut une sorte de 11 septembre de la «Gilded Age», popularisa le fantasme du terroriste nihiliste toujours prêt à tout faire sauter (le «fuck toute» fin de siècle). La fiction et les caricatures vont vite s’emparer de ce motif, qui alla nourrir les premiers supervilains des pulps puis des comic books, malgré leur apparente dépolitisation, étant destinés à la jeunesse (les communistes, au contraire, seront toujours marqués par l’imaginaire de l’Invasion et la Conquête du Monde dans l’imaginaire capitaliste états-unien, notamment pendant la Guerre froide). L’Ultra-Humanite en est un curieux exemple que l’on pourrait dire liminaire, alliant la figure du (bio)terroriste à un vague projet racial où l’on devine l’horreur de Siegel et Shuster envers le mythe aryen et son instrumentalisation nazie: sous la «peste pourpre» à la Shiel on devine, alors, la «peste brune».

Selon l’éternel retour du Même qui régit l’univers superhéroïque, l’Ultra-Humanite sera ressuscité «via adrénaline» (!) et son «puissant cerveau» sera transféré dans le corps de l’affriolante femme fatale Dolores. Sous cette nouvelle forme, il pourra séduire le physicien Terry Curtis qui vient de découvrir une arme atomique, et s’emparer, après l’avoir torturé avec son «rayon de torture», de la formule. Il menace ensuite de détruire la ville de Metropolis si celle-ci ne lui livre pas une rançon, s’attaquant, pour l’exemple, à la Wentworth Tower, ce qui provoque l’intervention de Superman, qui traquera le méchant transgenre (peut-être le premier, justement, du genre) jusque dans son repaire dans les tréfonds du volcan où celui-là trouvera une fin sadienne à sa mesure (le libertin Jerôme ne s’exclamait-il pas, dans La Nouvelle Justine:  «Un jour, examinant l'Etna, dont le sein vomissait des flammes, je désirais être ce célèbre volcan»…). 

Or, nous sommes en janvier 1940, et il est tout à fait étonnant de voir l’extrême coïncidence entre cette figure de l’«Ultra-humanité» et celui qui allait devenir, selon la thèse de Després déjà évoqué, le point tournant vers le nouvel imaginaire post-atomique du savant fou, J. Robert Oppenheimer. L’épiphanie cauchemardesque de celui-ci, inlassablement citée depuis, inaugurait en effet une nouvelle ère pour les supervilains comme pour l’ensemble de l’Humanité: «We knew the world would not be the same. Few people laughed, few people cried, most people were silent. I remembered the line from the Hindu scripture, the Bhagavad-Gita. Vishnu is trying to persuade the Prince that he should do his duty and to impress him takes on his multi-armed form and says, ‘Now I am become Death, the destroyer of worlds.’ I suppose we all thought that, one way or another.» (The Decision to Drop the Bomb (1965), http://www.atomicarchive.com/Movies/Movie8.shtml)

L’Ultra-Humanite disparu, il sera remplacé dans son rôle de Némesis, avec plus de succès, par Lex Luthor, déjà cité. La création du multivers DC permettra toutefois son retour en plein Âge d’Argent. Comble de l’ironie, l’incarnation qui restera la plus populaire de ce cerveau exceptionnel se fera dans le corps d’un colossal gorille albinos, fusionnant ainsi les deux extrêmes de l’évolution darwinienne en un vivant oxymore, qui est peut-être aussi la plus brillante synthèse de l’ultra-humanité (Justice League of America #196 Nov. 1981). Il regagnera un semblant de dignité après le tournant majeur de Crisis on Infinite Earths (1985-6), réussissant enfin à conquérir le monde et transformant la Terre entière en un seul esprit, version dégradée et dystopique du Point Oméga postulé par Teilhard de Chardin, où chaque «métahumain» devient une pure extension de l’Ultra-Humanite (JSA #32-37). Ce règne paradoxal d’absorption ultime du monde (peut-être le plus pur envers de sa destruction) sera lui aussi voué, comme toutes les entreprises supervilaines, à l’échec.

 

They Came From Beyond Space

La démesure de cette offensive est pourtant symptomatique du tournant post-atomique de la supervilenie. En effet, sous l’impact de l’équilibre de la terreur qui suit l’explosion de la première bombe atomique soviétique la menace supervilaine (alliant la Techné la plus déraisonnable au fantasme du terrorisme) se fait planétaire. C’est désormais le Village Global au complet (théorisé dès 1962 par McLuhan) qui est menacé par des superméchants aux pouvoirs de plus en plus dévastateurs, bientôt éclipsés par la nouvelle figure de la panique atomique (et anticommuniste3), celle des envahisseurs extraterrestres. Le regroupement des écuries superhéroïques étend leur sphère d’influence à des conflits interplanétaires dans des cycles véritablement cosmologiques où se rejoue sans cesse le combat gnostique entre les figures de l’Ordre et du Chaos. Si Superman opérait une relative extra-territorialisation des conflits (il était en cela le double inversé de son devancier Flash Gordon), la Justice League of America se doit littéralement de protéger le monde (libre?) en une pure hypostase de la Guerre froide élevée à l’échelle cosmique.

Comme les savants fous mégalomanes, les extraterrestres eux aussi hésitent entre la conquête du monde (selon le modèle de Starro The Conqueror, premier supervilain à affronter la JLA dans The Brave and the Bold #28, fév. 1960) et sa pure et simple oblitération… ou du moins celle de ses habitants autochtones. C’est ce que comptent bien faire les renégats de la Hiérarchie Kree menés par Ronan l’Accusateur (onomastique significative selon l’analyse barthésienne), mais leurs antagonistes les Skrulls ne procèdent pas autrement: la Terre est devenue un territoire contesté dans ce conflit interplanétaire où chaque camp est déterminé soit à l’envahir ou à la décimer afin de l’empêcher de tomber aux mains de l’adversaire (Avengers #89-97).

On reconnaît là les rudiments de la doctrine Truman de l’endiguement (et son corollaire, la théorie des dominos); la paranoïa de la Guerre froide est ainsi transférée à l’espace extérieur et par là même à la fois déniée (la fiction populaire préférant toujours les figures métaphorisées aux peurs trop réelles que distille la simple propagande) et démultipliée, comme le signalait déjà R. Barthes dès 1957: «L'affrontement de l'Est et de l'Ouest n'est déjà plus le pur combat du Bien et du Mal, c'est une sorte de mêlée manichéiste, jetée sous les yeux d'un troisième Regard; il postule l'existence d'une Sur-Nature au niveau du ciel, parce que c'est au ciel qu'est la Terreur: le ciel est désormais, sans métaphore, le champ d'apparition de la mort atomique. Le juge naît dans le même lieu où le bourreau menace» (Barthes, 42-3)

Le «monde» qu’il s’agit de détruire est ici recadré, restreint à son sens planétaire, acception provinciale pourrait-on dire où la spécificité de notre petite planète bleue est diluée dans une multiplicité de «mondes» au pluriel voués au même anéantissement au sein du «silence éternel des espaces infinis» pascaliens.  Il s’agirait peut-être là de l’extension interstellaire de l’émergence du biopouvoir et la tentation génocidaire qui l’accompagne: «Si le génocide est bien le rêve des pouvoirs modernes, ce n'est pas par un retour aujourd'hui du vieux droit de tuer; c’est parce que le pouvoir se situe et s’exerce au niveau de la vie, de l’espèce, de la race et des phénomènes massifs de populations.» (Foucault, 1976, 180).

L’apothéose de ce trope des Destructeurs de Mondes est incarnée en Galactus, figure semi-divine qui se nourrit de l’énergie des planètes. Créé en 1966 (alors que Star Trek popularise les tropes de la science-fiction classique sur les petits écrans de la Société de l’Opulence), il se présente comme la mutation ultime du supervilain classique, aux dires de son co-créateur Stan Lee:

Having dreamed up [many] powerful baddies ... we felt the only way to top ourselves was to come up with an evil-doer who had almost godlike powers. Therefore, the natural choice was sort of demi-god, but now what would we do with him. We didn't want to use the tired old cliche about him wanting to conquer the world. ... That was when inspiration struck. Why not have him not be a really evil person? After all, a demi-god would be beyond mere good and evil. ... [What] he'd require is the life force and energy from living planets!4

Cette sorte de Léviathan super-hobbesien qui pousse la logique darwinienne à l’échelle cosmique va s’attaquer à la Terre défendue par les Quatre Fantastiques avec l’aide de son propre héraut, devenu une sorte d’ange rebelle, le Surfer d’Argent. Mais ceci n’est que le début de différentes péripéties dans l’univers de plus en plus néobaroque inauguré par Stan Lee et Jack Kirby, les figures de Destructeurs des Mondes se succédant et s’affrontant dans des conflits de plus en plus vastes happés par l’idée même d’infinitude. C’est ainsi que Galactus sera régulièrement mis à contribution pour défendre la Terre contre d’autres menaces encore plus colossales, telle celle d’Annihilus le bien nommé. Celui-ci a pour idée de créer une bombe de Pouvoir Cosmique (sic) qui détruira à la fois l’Univers et la Zone Négative, le laissant lui seul et unique survivant, rêve solipsiste ultime que n’auraient pas désavoué certains libertins sadiens, quitte à éprouver ensuite tous les tourments de la perte d’objet, n’ayant plus personne sur qui exercer leur tyrannie. Mais Annihilus, créature insectoïde ayant survécu dans l’environnement volcanique et stérile de la planète Arthoros, est essentiellement une pure force darwinienne qui ne saurait éprouver des pitoyables émotions humaines. Drax et le Surfer d’Argent réussiront à délivrer Galactus (qui se retrouve souvent enchaîné, son appétit super-gargantuesque en faisant une force difficilement maîtrisable) qui détruira la Vague d’Annihilation, permettant à Nova de tuer Annihilus (qui, on s’en doute, renaîtra… «rien ne se perd, tout se transforme» dans l’univers Marvel comme ailleurs).

Annihilus, plus encore que Galactus, signale la transformation de l’idéal de destruction sadien, ou satanique, des anciens supervilains en une pure nécessité, extension du «struggle for life» darwinien qui refonde l’agonistique généralisée sur laquelle repose la cosmogonie superhéroïque. On retrouve, dans ces figures anti-démiurgiques (puisque définies essentiellement par leur capacité à détruire les mondes, et non les produire) empêtrées dans des intrigues on ne peut plus labyrinthiques (le format sériel des comic books contribuant à la multiplication marchande des sous(sous)intrigues) l’écho de l’horreur cosmique introduite par Lovecraft dans les littératures de l’imaginaire. Comme l’écrit M. Mariani:

To appreciate the cosmic mystery that Lovecraft so obsessively tried to convey and conjure to hideous life in his stories, we are invited to consider human knowledge as a flat plane in the middle of black depths of outer space. The plane is thin, fragile, and ever-tilting, like a huge pane of glass. Everything within that plane has been explained and understood: terrestrial biology, classical physics, physiology, large swaths of human history. But as soon as you step near the edges, you face the abysmal immensity of all that is unknown: numberless galaxies, planets, and stars that have existed for billions of years; white dwarfs-cum-black holes dense enough to bend time; an infinite kaleidoscopic expanse, potentially just one of many infinite expanses in a hydra-headed multiverse that perpetually begs the question of its own sentience.5

On retrouve, dès lors, la vision lovecraftienne telle que synthétisée par Houellebecq: «Peu d’êtres auront été à ce point imprégnés, transpercés jusqu'à l’os par le néant absolu de toute aspiration humaine. L'univers n'est qu'un furtif arrangement de particules élé­mentaires. Une figure de transition vers le chaos. Qui finira par l'emporter. La race humaine disparaîtra. D'autres races apparaîtront, et disparaîtront à leur tour. Les cieux seront glaciaux et vides, traversés par la faible lumière d'étoiles à demi mortes. Qui, elles aussi, disparaîtront. Tout disparaîtra. Et les actions humaines sont aussi libres et dénuées de sens que les libres mouvements des particules élémentaires. Le bien, le mal, la morale, les sentiments? Pures «fictions victoriennes». Seul l’égoïsme existe. Froid, inentamé et rayonnant» (Houellebecq, 1991, 13).

Symptomatiquement les comic books se feront eux-mêmes l’écho des Panthéons lovecraftiens, qui, dès lors, ne cessent de s’y ramifier, de façon avouée (Hellboy) ou implicite, dans les comic books (les Mindless Ones, etc.). Toutefois l’optimisme superhéroïque exorcise invariablement la tentation nihiliste qui accompagnait les Mythes du Maître de Providence. Car aussi tout-puissants qu’elles semblent être, les créatures cosmiques des Ailleurs seront toujours, inévitablement, mises au pas par les anges de l’Ordre planétaire que sont les superhéros: leurs failles achilléennes sont dès lors la preuve éclatante de l’aporie principale qui mine toute entreprise supervilaine.

 

Apories de la supervilenie

Du satanisme au complotisme, de l’antinomisme sadéen aux délires des savants fous, voire l’extension interplanétaire de la lutte darwinienne, nous avons visé à mettre en lumière les différentes strates qui se combinent dans l’appétit destructif du supervilainisme. On pourrait discourir à l’infini sur les multiples variations de ces figures et cumuler des centaines d’exemples de supervilains peuplant le «jardin aux sentiers qui bifurquent» des multivers superhéroïques. Là encore, des multiples travaux, maintenant que les études superhéroïques ont acquis droit de cité dans les universités, suivront sans doute qui nous éclaireront sur les perpétuelles variantes des schèmes, des motifs et des figures.

Mais le moment est venu de constater que cette proliférante luxuriance (des personnages, de leurs parcours et leurs motivations) n’est qu’un vaste écran de fumée, une tentative désespérée de masquer une série d’apories. Non seulement ces surhommes du Mal (que celui-ci soit décliné sur le mode satanico-sadien ou «naturalisé» sur le mode darwinien) sont inévitablement, quoi qu’ils fassent, condamnés à l’échec, mais leur existence même est tout à fait dépendante, et subordonnée à celle de leurs antagonistes. En effet, indépendamment des différentes motivations qui les animent, tel que nous les avons recensées, l’ontologie des supervilains s’articule autour d’une pure nécessité narrative: pour que le (super)héros puisse sauver le monde, il faut que quelqu’un veuille bien le détruire… C’est là, en fait, la clé du mystère et l’ultime réponse à leur appétit de destruction, quoi qu’ils veuillent nous faire croire (ou prétendent croire eux-mêmes).

Comme l’avait signalé Umberto Eco, le fiction dite «populaire», du roman-feuilleton aux comic-books et aux soap operas dont ils partagent quantité de traits, est intrinsèquement manichéenne, moins par des critères strictement idéologiques comme le postulait la Théorie Critique adornienne, voire mythopoétiques comme le prétendent le monomythe campbellien ou le «Mythe du Combat» de Neil Forsyth que par une pure logique formelle. Cet antagonisme structurel cantonne le supervilain, quelque soit sa spécificité, dans le rôle subalterne de faire-valoir du superhéros, faisant de sa super-menace (celle-là même de la destruction) le pendant du super-exploit salvateur qui, par extension, fait de la geste superhéroïque une véritable refondation du monde à répétition.

Doubles inversés qui définissent a contrario le superhéros (ceux-ci ne valent bien souvent que la somme de leurs antagonistes), les supervilains sont eux aussi les purs produits d’un trauma originaire qui fonctionne comme un déterminisme inéluctable (leurs pouvoirs, souvent chèrement acquis, sont de l’ordre de la malédiction), opposé au libre arbitre qui préside au choix superhéroïque (selon le célèbre adage: «with great power come great responsabilities»). C’est dans ce contraste que se lit toute une théologie protestante du Mal, ainsi que le jeu de miroirs qui se crée entre les Élus et les Damnés, ce qui, après une phase «naïve» initiale, suivie de sa problématisation dans l’Âge d’Argent, deviendra l’axe de la déconstruction postmoderne des superhéros, de plus en plus proches de leurs némésis, du Dark Knight Returns de Miller aux Watchmen  et Arkham Asylum d’Allan Moore, déjà étudiés dans notre dossier Le crépuscule des super-héros.

À l’instar de ce jeu de miroirs entre le Héros et son Double, nous-mêmes, hypocrites lecteurs, ne devinons-nous pas que ces supervilains aussi majestueux que pitoyables sont «nos semblables, nos frères»? Car force est de nous demander: et si c’était la destruction qu’on voulait à tout prix voir à l’œuvre sous prétexte d’admirer les exploits superhéroïques des gardiens du statu quo ontologique? S’il s’agissait de renverser, avec eux, la célèbre question philosophale «pourquoi il y a quelque chose plutôt que rien»? Et si les supervilains étaient les plus parfaits exutoires pour satisfaire notre «fanatisme de l’Apocalypse»?

«Notre époque témoigne d’un narcissisme de la malédiction qui l’arrache à son insignifiance et en réaffirme la centralité: en se désignant comme damnée, elle ne fait que souligner sa singularité au moment où elle se déprécie en apparence», écrit Pascal Bruckner, ce qui pousse «les enragés du malheur» à formuler, sous couvert d’écologisme, «un véritable vœu de mort», souhaitant le châtiment de l’humanité, unique rédemption possible (Bruckner, 2011: 95-96). Il faut dès lors réévaluer le rôle cathartique du genre superhéroïque, marqué comme l’on sait par mythification des menaces qui ont pesé sur les différentes étapes historiques de son évolution  (la montée des totalitarismes pour l’Âge d’Or, la Guerre froide pour l’Âge d’Argent, le néolibéralisme pour l’Âge de Bronze) jusqu’à la vogue actuelle des films superhéroïques très marqués, comme l’on sait, par le traumatisme du 11 septembre.

Le mécanisme de défense superhéroïque (du monde, mais aussi du Moi lecteur et spectatorial) serait alors, reprenant l’opposition centrale qui semble articuler le genre entre l’instance surmoïque et les offensives, à la fois fascinantes et répulsives, du Ça, un pur déni de la «stratégie fatale» à l’œuvre (à la fois dans l’œuvre et dans notre réception de celle-ci). Alliant le plaisir de la régression aux structures archaïques du psychisme (l’agressivité du stade anal déjà évoquée) qui se joue dans notre position de «lu» (selon la typologie des instances lectrices avancée par «l’école rémoise» de La lecture littéraire) à celui de son refoulement par un Surmoi auquel on s’identifie en tant que «lectant» conscient, la dynamique pulsionnelle du supervilain fonctionne aussi sur le plan sociétal. Il incarne, dès lors, toute notre fascination, ainsi que notre crainte, face à la négativité que génère inévitablement tout système social, plus encore la société de contrôle articulée autour de la sécurité et le «culte de l’urgence».  «Tout système arrivé à ce degré de perfection génère une viralité interne, c’est-à-dire quelque chose qui l’auto-détruit» écrivait J. Baudrillard dans son court texte «Jeux». «Plus on ira loin dans la sécurité, plus cela engagera des comportements meurtriers ou auto-meurtriers (…), on ira jusqu’à l’engagement fatal parce qu’il faut pouvoir équilibrer symboliquement les choses. Et ceci n’est pas une question de morale personnelle, c’est un enjeu symbolique de vie ou de mort» (2001, 52).

Le manichéisme formel (ainsi que son extension thématique et idéologique) recoupe ainsi, dans sa trompeuse simplicité même (sur laquelle tant de critiques se sont égarés), une dynamique complexe qu’il semble désavouer. Tout est mis en place, dans le système superhéroïque, pour masquer ce qui le fonde véritablement (sa propre viralité interne, pour reprendre le terme baudrillardien).D’où aussi le fait que la vaste majorité des supervilains, ceux-là mêmes que l’histoire des comics voue d’elle-même aux oubliettes, soient réduits à leur simple fonction narrative. Poussé jusqu’à la caricature, le supervilain mû par un pur «appétit de destruction» (comme le chanteront, de façon tout aussi caricaturale, les Guns N' Roses), devient une pure marionnette comme le signale la Bible Cyberpop Tv Tropes:

The Generic Doomsday Villain is an overpowering antagonist without a believable goal, motive or plan. They do not fancy themselves to be doing the right thing, they're not Driven by Envy, they have no personal vendetta against any of their victims, they are not in it for the money, they're not seeking Revenge for any real or imagined wrong done to them, and they're not even trying to satiate their excessive Pride. So, why are they spreading destruction and misery? Because... they're EVIL. (TV Tropes.org)

Cette tautologie marque bien, dans toute une production routinière de nos industries culturelles, l’impossibilité de penser réellement le Mal. C’est qu’en réalité le discours (et l’être même) du supervilain est foncièrement piégé; il se doit d’incarner, comme le gangster de jadis, le «Grand Non» au «Grand Oui Américain» (Robert Warshow), tout en étant, comme l’extraterrestre, une Altérité pure qui ne serait faite que de menace pour l’American Way of Life. S’il doit clairement manifester son rejet des grandes valeurs qui fondent la Nation (que ce soit au nom d’une Nature cruelle, comme Sade, ou victimisée, comme chez les «fanatiques de l’Apocalypse» étudiés par P. Bruckner dans son ouvrage homonyme), il ne peut en réalité pousser ce rejet jusqu’à un discours cohérent qui pourrait réellement légitimer une réelle contestation (comme c’était le cas chez les libertins sadiens). Il faut donc incarner une sorte d’allégorie du Mal selon des codes rhétoriques hérités des «malcontents» élisabéthains et jacobéens (les supervilains resteront longtemps, dans les comic books comme à Hollywood, les derniers piliers du «culte shakespearien» anglo-saxon, l’accent anglais s’ajoutant parfois à la déclamation théâtrale pour signifier cet «écart» même entre le nouveau Peuple élu et l’ancienne métropole tyrannique). Mais il ne sauraient aller au-delà de ce verbiage, délibérément signalé comme tel par la théâtralisation de l’elocutio même. De là peut-être la mélancolie de tant de supervilains, qui tourne même à la pure acédie lorsque ceux-ci atteignent la conscience de l’inutilité de leur tâche sisyphéenne (d’où, sans doute, l’humeur souvent dépressive du Joker).

 

En guise d’épilogue

Si tout ce qui précède ne vous a pas convaincus, geeko-sceptiques endurcis, de la nécessité qui pousse les supervilains à tenter d’annihiler le monde (tel que nous le connaissons, comme le chantait jadis R.E.M.), voici une liste de toutes les (autres) raisons pour lesquelles ils continueront inlassablement à vouloir le faire:

So you're an aspiring Omnicidal Maniac, alien invader, or plain old disgruntled Mad Scientist or Evil Sorcerer and want to destroy the planet Earth, or at least Kill All Humans? Good for you! However, to avoid being a gauche Generic Doomsday Villain, why not get yourself a proper motivation to destroy humanity from among the items on this list?

 

Bibliographie

R. Barthes, Mythologies, Points, Seuil, 1970 [1957]

J. Baudrillard, «Jeux», Les cahiers de médiologie 2/2001 (N° 12), pp. 47-53

P. Bruckner, Le fanatisme de l’Apocalypse, LGF, 2011

C. Carnicero de Castro, «Entre le crime et la sensibilité. Les paradoxes du personnage de Clairwil», Itinéraires, 2013-2 | 2014, 33-44

M. Foucault, La volonté de savoir, Gallimard, Paris, 1976

M. Houellebecq, H.P. Lovecraft: Contre le monde, contre la vie. Paris: Éditions du Rocher, 1991

King Oblivion, A. Wallenta, M. D. Wilson, The Supervillain Field Manual: How to Conquer (Super) Friends and Incinerate People, Skyhorse, 2013

Sade, Histoire de Juliette, ou les Prospérités du vice, dans Œuvres, éd. Michel Delon, Paris, Gallimard, coll. «Bibliothèque de la Pléiade», t. III, 1998

M. Singer, Grant Morrison: Combining the Worlds of Contemporary Comics, University Press of Mississippi. 2012

J. J. Vilmer, Sade moraliste. Le dévoilement de la pensée sadienne à la lumière de la réforme pénale au XVIIIe siècle, Genève, Droz, 2005

S. Žižek, Living in the End Times, Verso, Londres, 2010.

 

  • 1. «Fâché contre la foule qui désapprouvait ses goûts, il s'écria: «si seulement le Peuple Romain n'avait qu'un cou!» (Vie de Caligula, XXX).
  • 2. Ouvrage disponible en ligne ici
  • 3. «Si la soucoupe d'engin soviétique est devenu si facilement engin martien, c'est qu'en fait la mythologie occidentale attribue au monde communiste l'altérité même d'une planète: l'URSS est un monde intermédiaire entre la Terre et Mars» (R. Barthes, 40)
  • 4. «Introduction» Marvel Masterworks: The Fantastic Four Vol. 5, Marvel, 1993
  • 5. “Terror Incognita: The Paradoxical History of Cosmic Horror, from Lovecraft to Ligotti”, LA Review of Books, 10 avril 2014