L’imaginaire du plus commun dans l’œuvre de Stéphane Lafleur

En terrains connus (2011), réal. Stéphane Lafleur

L’imaginaire du plus commun dans l’œuvre de Stéphane Lafleur

Soumis par Anne-Marie Auger le 29/11/2012
Catégories: Fiction, Cinéma

 

La banlieue, territoire de prédilection de Stéphane Lafleur, prend l’allure d’un territoire sauvage à coloniser, un no man’s land traversé par les autoroutes, bordé par les champs et ponctué de boisés pour aller se perdre. Ses deux films, Continental, un film sans fusil (2007) et En terrains connus (2011), mettent en scène une esthétique du plus commun, avec en son centre le bungalow. Lafleur y fait l’inventaire de ce qui pourrait constituer l’ordinaire dans le cinéma québécois contemporain. Son oeuvre s’incarne tout entière dans cette série de décors fades, tout en camaïeu de beige, constitué tour à tour de plantes en plastique, de café filtre, de lits d’eau, de remises, de publi-sacs, de tapis ras, de clôtures Frost. C’est une esthétique du «moindre», à comprendre non pas dans le sens minimaliste du terme, mais plutôt dans un manque d’éclat, un antiévénement constitutif. Le film présente la réplique d’un univers connu et familier, avec une note d’inquiétante étrangeté. 

La banlieue de Lafleur est aussi, au plan humain, le territoire d’une grande solitude, d’un vrai désert accessible par l’autoroute, ou bien en traversant le champ en ski-doo. Cette impossibilité du dialogue, centrale à bien des égards, pose les rapports humains dans une constante frustration. Stéphane Lafleur met en scène des personnages qui ne se comprennent pas, qui semblent tous être sur les antidépresseurs, un peu en dehors d’eux-mêmes.

Impossible, finalement, de séparer le territoire que Lafleur met en scène dans ses longs-métrages, de son univers musical d’Avec pas d’casque, où règnent également, dans un style très imagé, la langueur et le non-exceptionnel. C’est cet écho du territoire que je veux vous présenter. Le country n’est pas loin, les colleys non plus, dans cet univers qui se place au cœur de la banlieue morne. 

Voici donc une «tentative d’épuisement» du territoire de Stéphane Lafleur. 24 images, donc, en 24 chansons. 

 
«Tu entendras ma voix crier des choses simples» 
 
En terrains connus (2011), réal. Stéphane Lafleur
 
 
«Ce sera ton camp de base»
 
En terrains connus (2011), réal. Stéphane Lafleur
 
 
«Défriché jusqu’à la clôture / Pour voir qu’il n’y avait rien derrière / Banquise de plâtre et de poussière / L’écho est rare dans le désert»
 
En terrains connus (2011), réal. Stéphane Lafleur
 
 
«Ramène-moi à Mirabel / Voir les avions supersoniques / Shotgun sur la table à pique-nique / Qu’on se détende»
 
Continental, un film sans fusil (2007), réal. Stéphane Lafleur
 
 
«Va où tu vas / vas où tu veux / comme deux colleys»
 
Continental, un film sans fusil (2007), réal. Stéphane Lafleur
 
 
«Toi tu as ce talent / Pour voir des formes dans le bois de mer / des animaux ou des béciques à gaz»
 
En terrains connus (2011), réal. Stéphane Lafleur
 
 
«Peu importe la distance / la profondeur / tu lui diras que je suis maître-nageur»
 


Continental, un film sans fusil (2007), réal. Stéphane Lafleur

 

«La science connaît d’excellentes histoires de peur pour les enfants» 

Continental, un film sans fusil (2007), réal. Stéphane Lafleur
 
 
«Où vas-tu ma tête? Je vais dans la nature. Qu’est-ce que tu protèges? Mes poings ne sont pas mûrs»
 
En terrains connus (2011), réal. Stéphane Lafleur
 
 
«Tu seras heureuse d’apprendre que j’ai apprivoisé les avions qui frôlent le toit de ma maison / et qui l’arrachent parfois»
 
En terrains connus (2011), réal. Stéphane Lafleur
 
«Si j’ai bien entendu Pauline / le soleil arrivera à l’heure»
 
En terrains connus (2011), réal. Stéphane Lafleur
 
 
«Prends-moi sauve-moi traîne-moi sors-moi de toi ma maison»
 
En terrains connus (2011), réal. Stéphane Lafleur
 
 
«Les oiseaux faussent aussi / dans le matin»
 
En terrains connus (2011), réal. Stéphane Lafleur
 
 
«Ta maison c’est un mal de ventre / un lac de peine»
 
En terrains connus (2011), réal. Stéphane Lafleur
 
 
«C’est drôle d’avoir la certitude qu’on va dormir ensemble»
 
En terrains connus (2011), réal. Stéphane Lafleur
 
 
«Inondation superbe /catastrophe de beauté /du filage plein la tête /spirographe déchaîné /retailles de tempête /j’ai bâti un abri /cabane de lumière /je vais t’attendre ici»
 
En terrains connus (2011), réal. Stéphane Lafleur
 
 
«Tu me trouveras dans le mini-bar la tête coincée. Ce sera la fin de l’hiver»
 
En terrains connus (2011), réal. Stéphane Lafleur
 
 
«Et la rivière sait que tu ne retiendras rien / et la montagne sait que tu ne retiendras rien»
 
En terrains connus (2011), réal. Stéphane Lafleur
 
 
«Voudras-tu de moi demain / quand je veillerai le feu avec toi»
 
En terrains connus (2011), réal. Stéphane Lafleur
 
 
«Tu reviendras chargée d’étoiles /la nuit posée sur tes épaules /et l’univers pris dans tes cheveux»
 
En terrains connus (2011), réal. Stéphane Lafleur
 
 
«Maintenant je sais reconnaître l’amour d’un nez qui saigne»
 
Continental, un film sans fusil (2007), réal. Stéphane Lafleur
 
 
«Cerveau pris dans un piège /habit de motoneige»
 
En terrains connus (2011), réal. Stéphane Lafleur
 
 
«Je promets je promets que la journée qui s’en vient est flambant neuve»
 
En terrains connus (2011), réal. Stéphane Lafleur