L'aventure, c'est l'aventure!

L'aventure, c'est l'aventure!

 

«Un roman d’aventures n’est pas seulement un roman où il y a des aventures; c’est un récit dont l’objectif premier est de raconter des aventures, et qui ne peut exister sans elles», écrivait J. Y. Tadié en ouverture à son étude fondatrice sur le roman d’aventures publiée, symptomatiquement, un an après la réinvention en format blockbuster de l’aventure classique dans Les Aventuriers de l’Arche Perdue (1981).

Omniprésente dès les origines de la fiction (au point qu’on a pu en faire la condition sine qua non du romanesque même), l’aventure se cristallise en un hyper-genre qui domine la littérature dite populaire de la modernité, déclinée en une multiplicité foisonnante d’hypo-genres (romans d’aventures maritimes, exotiques, historiques –voire plus spécifiquement de cape et d’épée–, policières, western, fantastiques, d’anticipation ou guerrières pour ne citer que les plus en vogue). Transmédiatique comme toute paralittérature qui se respecte, le roman d’aventures colonise tous les supports naissants qui vont concurrencer, voire éclipser, la littérature populaire, de la bande dessinée au cinéma, en passant par la radio et plus tard la télévision.

Paradoxalement, alors qu’elle triomphe ainsi partout, l’aventure va voir ses formats traditionnels s’étioler (déclin de la fiction de cape et d’épée, des récits d’exploration et d’«aventures mystérieuses», spécialisation de nouveaux genres hégémoniques tels que le roman policier, d’espionnage ou la science-fiction). Deux voies semblent alors s’ouvrir alors à elle: sa transformation profonde (jusqu’à la subversion, voire la parodie, de ses poncifs) sous la plume d’écrivains aventuriers qui traversent le siècle (de Cendrars à McCandless en passant par Kerouac ou Malraux) ou la fétichisation de ses codes sur différents supports (de Tintin à Bob Morane, Indiana Jones ou Pirates des Caraïbes). Entre dissolution crépusculaire (Alex Garland, Barry Gifford, Marc Behm, etc.) et super-héroïsation nostalgique (voire méta-nostalgique, alors qu’on annonce le remake de Romancing the Stone), l’appel de l’aventure ne cesse de revivifier la pop culture.

N'hésitez pas à nous envoyer vos textes. Les dossiers thématiques POP-EN-STOCK, comme les articles individuels, sont à soumission ouverte. Une fois un numéro thématique «lancé», il demeure ouvert, indéfiniment, à quiconque voudrait y soumettre une collaboration. Le(s) directeur(s) d’un dossier s'engage(nt) à évaluer et éditer les nouvelles propositions à leur dossier pour une durée de deux ans, sous la supervision des directeurs de la revue.

La longueur des articles est variable. POP-EN-STOCK accepte une limite inférieure équivalente à sept ou huit pages (3000 mots), afin de favoriser la publication rapide, mais peut aussi accepter des articles beaucoup plus longs selon l'offre (n'étant pas limitée par un impératif de préservation de la forêt boréale).

 

 

Dossier(s) associé(s): 
Soumis par HIBA BENCHEQROUN le 28/11/2023
Au sein du vaste ensemble des récits d´aventures, les voyages extraordinaires seunissent dépaysement géographique et fantastique, désignant, comme l’affirme Matthieu Letourneux, « les récits fondés sur la narration d’un voyage hors du commun […] où la machine ou le projet inouïs passent l’épreuve du monde sauvage […] [et] rencontre l’exotisme géographique [1]».
Soumis par Valérie Savard le 9/12/2015

Le débat entourant l'influence d'un territoire ou d'une nation sur l'œuvre d'un artiste semble indénouable. Le philosophe Georg Lukacs affirmait pour sa part que chaque écrivain, indépendamment de sa posture et de sa conscience du phénomène, produit des œuvres qui, «pourvues qu'elles soient artistiquement vraies, [...] sont le produit des tendances les plus profondes de leur époque».

Soumis par Lauriane Lafortune le 8/10/2015

Dans un monde actuel où toute violence est occultée, irrecevable, la violence inaugurale des populations primitives est impressionnante et empreinte de ce que nous concevons comme étant une cruauté pure. Il est alors inconcevable que le monde américain, s’étant autoblanchi aujourd’hui de toute violence, ait pu fonder son pays dans une cruauté considérable. Cormac McCarthy, avec son œuvre «Méridien de sang» (McCarthy, 1985), démolit le mythe de la conquête véhiculé à travers les imageries western du courageux cowboy et du «bon sauvage».

Soumis par Stéphanie Faucher le 18/11/2014

Port Tropique fait écho à des romans et des récits d’aventures passés tout en ancrant son histoire dans un contexte moderne. Les récits d’aventures ont revêtus des formes différentes avec le temps et ont condamnés différemment les pensées et les rêves de ceux qui lui étaient soumis. En effet, comme le dit si bien Venayre, l’aventure est d’abord une représentation, une image de la réalité plutôt que la réalité elle-même.

Soumis par Valérie Savard le 17/11/2014

La problématisation du roman d’aventures qui se dessine au tournant du XXe siècle ne crée pas une coupure nette avec les codes traditionnels de ce genre littéraire. Au contraire, le récit moderne réinvestit plutôt ceux-ci à la lumière des événements sociaux ayant troublé cette période historique: événements démontrant, par leur nature, le leurre que constitueraient une perception manichéenne du monde jouxtée à une fin harmonieuse où le «bon» serait récompensé et le «méchant» puni.

Soumis par Antonio Dominguez Leiva le 6/11/2014

L’adaptation par Walter Salles du cultissime roman On the Road (2012) vient parachever un processus de recyclage culturel de la génération Beat, «rebootée» pour la génération (néo)hipster (le film lui-même semble, plus qu’une adaptation, le reboot d’une franchise imaginaire).

Soumis par Catherine Ouellet le 6/11/2014
Catégories: Fiction, Aventure

Récit à la frontière des genres, Voyage au bout de la solitude pérennise l’histoire de Christopher McCandless, ainsi que celle de plusieurs autres aventuriers dont le destin s’apparente à celui du jeune homme. Le livre de Jon Krakauer qui n’est pas un vraiment roman ni tout à fait une biographie ou un reportage ̶ relate, à travers un morcellement du récit, une seule et grande aventure: celle de l’expérience des frontières.

Soumis par Roxanne Côté le 6/11/2014

Dans l’imaginaire du Sud-Ouest américain, la violence constitue un élément identitaire crucial depuis les premiers westerns jusqu’à nos fictions les plus récentes. Dans Blood Meridian: or the evening redness in the west par Cormac McCarthy, les personnages qui évoluent dans le désert américain s’y ensauvagent et y rencontrent une violence inouïe, mais indispensable. Dans un contexte plus contemporain, la série télévisée Breaking Bad par Vince Gilligan présente le même genre de rapport au désert et à l’ensauvagement et invoque, à travers les codes du genre de l’aventure, un imaginaire de la fin.